"La vérité nous surprend toujours." Alors qu’il se sent prisonnier d’un corps dépérissant, Waldo garde l’esprit vif. On se croirait face à un cousin de Philip Roth, constatant cette lente dégradation avec lucidité et philosophie. "La perspective de la mort m’aide à vivre et me rend curieux. La vieillesse est une nouvelle enfance." N’empêche que ça semble frustrant de dépendre de sa jeune épouse, Zee. Cette Indienne, inhibée par le poids de sa culture, s’est éveillée au contact de ce séducteur fasciné.
Il a été son sauveur, le voilà devenu son patient impotent, après vingt ans de mariage. "Je suis un figurant dans mon propre film. L’imagination est le lieu de tous les dangers…" L’homme de cinéma londonien s’est toujours servi d’elle, mais que se passe-t-il quand elle lui joue un mauvais tour ? Une nuit, Waldo surprend des bruits suspects. Serait-ce sa femme qui le trompe dans la chambre d’à côté ?
Il a beau être assommé par les médicaments, il pressent le pire. Celui-ci porte le nom d’Eddy, un personnage ambigu et vampirique, qui profite des largesses du couple. "Homme distingué et attentif", ce charmeur, qui "transpire l’angoisse", s’est incrusté au fil des années dans leur intimité. Aurait-il conquis Zee ? Suspicieux, Waldo mène l’enquête en compagnie d’Anita, actrice à la gloire déchue.
Dans ce huis clos théâtral, on ne sait plus où se situent la réalité et l’imaginaire. L’écrivain anglais Hanif Kureishi se sert de sa plume comme d’un canif incisif. Il écorche le masque social pour révéler la vraie nature des êtres. K. E.