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Victoire Tuaillon : « Les podcasts me manquaient énormément »

Victoire Tuaillon lance en solo son nouveau podcast "Renverser la table", disponible dès le 25 juillet - Photo Elsa Leydier

Victoire Tuaillon : « Les podcasts me manquaient énormément »

Après le succès des podcasts « Les couilles sur la table » et « Le cœur sur la table », tous deux adaptés en livres vendus à plus de 50 000 exemplaires chacun, la journaliste et éditrice Victoire Tuaillon reprend le micro. Cette fois, elle se lance seule dans l’aventure avec « Renverser la table », à découvrir sur les plateformes d’écoute dès le 25 juillet, dans lequel elle donne la parole à ceux qui « veulent changer le monde pour le rendre meilleur ». Interview.

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Par Élodie Carreira
Créé le 24.07.2025 à 17h00

Après « Les couilles sur la table » et « Le cœur sur la table », vous lancez le podcast « Renverser la table ». Qu’est-ce qui a motivé cette nouvelle création ?

Les podcasts me manquaient énormément. En quittant Binge Audio (en décembre 2024, après le placement en redressement judiciaire du studio en août 2024, ndlr), j’ai dû laisser derrière moi Les Couilles sur la table et Le Cœur sur la table. J’ai toujours beaucoup lu — des textes, des essais — et ce qui m’anime, en tant que journaliste, c’est de pouvoir les transmettre autrement : en les rendant accessibles au plus grand nombre à travers des récits forts et des épisodes bien construits.

En quelques mots, comment définiriez-vous la ligne directrice de ce nouveau rendez-vous audio ?

C’est un podcast d’idées, nourri de conversations enthousiasmantes avec des personnes, souvent révoltées, et qui, chacune à leur façon, veulent changer le monde pour le rendre meilleur. Je ne souhaite pas me limiter à des thématiques. Je veux que les auditeurs puissent apprendre des choses et repartir avec des concepts qui leur donnent envie de s’engager. On y retrouve la même énergie que dans mes deux podcasts précédents : envie de comprendre le monde, les autres et nous-mêmes, avec un regard profondément engagé contre toutes les discriminations et pour sauver le vivant. 

« Promouvoir des horizons politiques désirables »

Vous avez récemment annoncé la création d’une nouvelle collection d’essais, Les Renversantes !, au sein du catalogue des éditions Leduc. Le premier titre paraîtra en octobre prochain. Y a-t-il un lien entre le nom de cette collection et celui de votre nouveau podcast ?

Oui, tout à fait. Ce sont mes projets, et ils se font écho. Je suis entrée dans une phase de travail centrée sur la révolte, et tout ce qu’on peut imaginer pour changer un monde qui va de plus en plus mal. Que ce soit à travers la collection ou le podcast, mon intention est la même : promouvoir des horizons politiques désirables et provoquer des transformations. Je suis très attachée à la notion de « développement collectif », et dans tout ce que je fais, je cherche à tisser des liens entre l’intime et le politique, et à provoquer l'action des auditeurs et auditrices.

Lire aussi : « Victoire Tuaillon et Karine Lanini créent « Les Renversantes ! », un nouveau label engagé chez Leduc »

Dans le premier épisode de « Renverser la table », vous interrogez notre capacité à inventer de nouveaux récits, plus inclusifs et affranchis des schémas traditionnels. Pour ouvrir cette réflexion, vous avez invité Alice Zeniter, autrice de six romans, dont L’Art de perdre (Flammarion), couronné par le prix Goncourt des lycéens en 2017. En quoi Alice Zeniter vous semblait-elle incarner la voix idéale pour explorer cette question ?

Tout son travail tourne autour de cette question ! Que ce soit dans Je suis une fille sans histoire ou Toute une moitié du monde, elle explore et formalise cette idée : comment renouveler les récits, sortir des histoires attendues, des tropes classiques ? Comment faire entrer nos préoccupations féministes, antiracistes, écologiques dans les créations ? Cette réflexion irrigue l’ensemble de ses textes jusque dans son récent ouvrage, Frapper l’épopée, dans lequel elle applique ce qu’elle a elle-même théorisé dans Je suis une fille sans histoire par exemple. Et en plus, c’est une femme très drôle. 

 « Ma conscience politique s’est forgée à travers la littérature »

Chacun de vos projets a été l’occasion de faire appel à des écrivains ou des écrivaines, qu’ils ou elles soient auteurs ou autrices de romans ou d’essais. Vos podcasts « Les couilles sur la table » et « Le cœur sur la table » ont d’ailleurs donné lieu à des adaptations en livres. Selon vous, quel rôle la littérature — et, plus largement, le monde de l’édition — peuvent-ils jouer dans la transformation ou l’enrichissement de nos imaginaires ?

La littérature y joue un rôle absolument essentiel ! Les livres et les idées ont toujours été au centre de ma vie – ce sont eux qui font circuler les pensées, qui façonnent les consciences. Rien ne pourra jamais remplacer les livres. C’est dans ce cadre que les auteurs et autrices peuvent développer leurs concepts, imaginer d’autres mondes, créer de l’empathie pour des existences très éloignées des nôtres. C’est fondamental pour garantir une forme de cohésion sociale. Personnellement, ma conscience politique s’est forgée à travers la littérature. Je lis tous les jours, je vais en librairie chaque semaine. Mon engagement aujourd’hui, c’est donc aussi de contribuer à faire circuler les bons livres. D’ailleurs, j’ai pu constater que chaque fois que j'invitais un intervenant dans mes podcasts, il voyait le nombre de ses livres vendus augmenter.

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