Il y a un avant et un après pour celle qui a pris la plume afin de décrire minutieusement le mal qui la ronge et ses conséquences. Dans Une fille dans le noir, Anna Lyndsey raconte sans pathos comment sa vie a basculé. En 2005, à Londres, au siège du ministère du Travail et de la Sécurité sociale, où elle est une employée modèle, la jeune femme tape comme à son habitude sur son ordinateur. Et sent d’abord que la peau de son visage brûle, puis qu’elle réagit mal aux éclairages fluorescents.
La situation ne va pas s’arranger, loin de là. Bien vite, il lui est impossible de travailler, et même de rester longtemps dehors. Cette fille de musicien détaille ici comment elle a peu à peu perdu son indépendance, sa liberté d’aller où elle voulait dans le monde. Sa sensibilité à la lumière a rapidement atteint un degré tel qu’elle a besoin d’être dans l’obscurité complète. D’une chambre noire aux rideaux tirés dans la maison en brique rouge de son compagnon, à Itchingford, dans le Hampshire.
Dès lors, ses oreilles sont devenues le meilleur moyen d’accès au monde extérieur. Anna Lyndsey a dû apprendre à s’orienter chez elle d’une autre manière, à s’organiser avec les objets du quotidien. La voici qui se met à écouter avec frénésie des livres audio ou les programmes de BBC Radio 4, à inventer des jeux. A rêver qu’elle prend des trains et escalade des montagnes.
Terrible, Une fille dans le noir montre en une série de courts chapitres le combat permanent d’une Anna Lyndsey qui tient le coup grâce à son univers poétique. Prisonnière de son corps, l’Anglaise arrive pourtant à s’échapper et à continuer d’avancer. Al. F.