Le secret était bien gardé. La parution du premier roman pour adultes de JK Rowling, l'auteure d'Harry Potter, aux 450 millions d'exemplaires vendus, était entourée de mystère. Mais ce silence n'a pas provoqué une effervescence comparable à celle des précédents ouvrages de la romancière anglaise.
Un accueil mitigé
Vendredi 28 septembre, le jour de la sortie d'Une place à prendre (Grasset), la curiosité des lecteurs n'est pas au rendez-vous. Pas de file d'attente devant les portes des librairies. Peu de clients interrogent leurs libraires sur cette parution. Malgré la mise en valeur des ouvrages dans les vitrines, les ventes sont décevantes. « On espérait un peu mieux », concède Khaled Hafsi, de la librairie Charlemagne (Toulon). Sur les 200 exemplaires commandés, seule une trentaine a été vendue depuis trois jours.
Même constat à la librairie Le Failler, à Rennes : sur les 400 exemplaires en magasin, seule une quinzaine a été écoulée. Au Comptoir des mots (Paris), aucune réservation n'a été effectuée avant la sortie du livre, et seuls 22 ouvrages ont été vendus sur les 300 commandés.
A la librairie la Boite à Livres (Tours), les débuts sont timides : sur une centaine d'exemplaires en stock, on compte une quarantaine de ventes. Quant à la librairie des Abbesses (Paris), qui a commandé 70 ouvrages, 5 ont été vendus. A la librairie Passage, à Lyon, 7 livres ont trouvés lecteurs pour l'instant, sur les 30 commandés. Pour le même nombre d'exemplaires en magasin, la librairie Echappée belle (Sète) enregistre seulement 5 ventes.
Seuls les sites d'achats en ligne affichent de bons chiffres : le livre est n°1 dans le classement des meilleures ventes de livres et des ebooks sur Amazon, et 10ème sur le site de la Fnac. Les grandes surfaces culturelles sont également satisfaites de leurs ventes : chez Virgin, 10% de la mise en place s'est écoulée les deux premiers jours.
Les libraires entre optimisme et déception
Certains libraires se montrent cependant optimistes, comme Dominique Fredj (librairie Le Failler) : « Nous ne sommes pas inquiets. C'est un livre qui est parfait pour les fêtes de fin d'année ». Selon lui, l'ouvrage se vendra mieux après la rentrée des étudiants : « Ceux qui ont grandi avec Harry Potter sont maintenant en fac. Pour l'instant, ils sont occupés à acheter leurs livres de cours ». De plus, pour le libraire, il manque pour le moment ce qui fait le succès d'un livre : le bouche-à-oreilles.
En effet, les libraires s'accordent à dire que le lien entre le lecteur et le libraire n'a pas pu se faire. Beaucoup mettent en cause le secret entourant la parution du livre. Ni les journalistes ni les libraires n'ont pu le lire avant sa sortie. Les critiques arrivent donc tardivement. Mais surtout, selon Sophie Dulin, de la librairie indépendante L'Echappée belle, « on l'oublie souvent, mais à la base du succès d'un livre, il y a les libraires. » Sans connaître le contenu de l'ouvrage, difficile de conseiller les clients.