Rentrée bande dessinée

Un parfum d'aventure

Un parfum d'aventure

Moins dominés par les blockbusters que les années précédentes, les programmes d'automne des éditeurs de bande dessinée sont traversés par un petit vent de nouveauté, avec notamment le lancement de nouvelles collections et une cure de jouvence pour certains vieux héros. _ Benjamin Roure Benjamin Roure

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Par Benjamin Roure
Créé le 30.08.2018 à 17h00

Sans Astérix, ni Titeuf, ni Largo Winch, ni Corto, la rentrée BD 2018 ne sera cependant pas sans héros. Comme les très gros tirages sont moins nombreux qu'au cours des automnes précédents (voir tableau p. 74), ils pourraient laisser de l'espace à d'autres titres. Les -libraires pourront compter sur Blake et Mortimer, Lucky Luke ou Lou, ainsi que les très attendues suites des Vieux fourneaux et de L'Arabe du futur. Ils auront aussi un peu de place pour mettre en avant des séries qui font leur retour, à commencer par Les passagers du vent de François Bourgeon, avec un huitième tome chez Delcourt, Le sang des cerises, premier volume d'un diptyque de clôture de la saga, qui se déroule au moment de la Commune de Paris. Autre classique qui atteint sa conclusion : Sasmira, dont le quatrième tome, par Laurent Vicomte et Anaïs Bernabé, est annoncé pour octobre chez Glénat. L'éditeur -publiera également l'avant-dernier volume de la saga Sambre d'Yslaire. Au Lombard, Thorgal revient avec un 36e tome, et chez Soleil et Delcourt, ce sont Les naufragés d'Ythaq, Trolls de Troy et Les légendaires qui seront au rendez-vous. Enfin, une série dont on pensait ne jamais lire la suite trouvera son épilogue : L'ancien temps de Joann Sfar revient chez Gallimard, avec un second tome, neuf ans après le premier.

 

Du sang neuf pour les héros

 

La bande dessinée franco-belge chérit ses héros et sait les relancer. Spirou, chez Dupuis, en est l'exemple le plus frappant, et cet automne, dix ans après l'acclamé Journal d'un ingénu, Emile Bravo poursuivra les aventures du groom pendant la Seconde Guerre mondiale. Un premier tome, sur quatre, paraîtra début octobre. Autre héros pour la jeunesse à connaître une nouvelle vie : Alix. Il était déjà devenu Sena-tor grâce à Valérie Mangin (un nouveau cycle démarre en novem-bre), mais il va aussi revenir aux sources, avec un album dans la lignée de l'univers de Jacques Martin, par David B. et par Giorgio Albertini, intitulé Veni vidi vici. Enfin, il va rajeunir dans Alix origines, par Marc Bourgne et Laurent Libessart, série qui contera ses aventures dans sa famille gauloise. Une belle manière pour Casterman de fêter les 70 ans du personnage.

 

De son côté, Dargaud célébrera Blueberry en permettant à Joann Sfar et Christophe Blain de donner leur vision du personnage, au fil de deux albums dont le premier paraîtra en fin d'année. Chez Glénat, c'est Mickey qui connaît une nouvelle réinterprétation, avec Mickey à travers les siècles, imaginé par Dab's et dessiné par Fabrizio Petrossi.

 

Un label pour repartir de plus belle

 

Remède à la baisse d'influence des blockbusters, mais -aussi nécessaire coup de jeune éditorial des catalogues, la vague de nouvelles collections sera haute cet automne. Glénat en est l'exemple avec pas moins de trois lancements. « Vini-fera » contera l'histoire du vin de l'Antiquité à nos jours en trente albums. Le scénariste bordelais Eric Corbeyran est aux manettes de ces cinq cycles indépendants à l'ambition didactique. Première dégustation en août avec Les -amphores de Pompéï et Les moines de Bourgogne. Viendra ensuite « Porn'pop ». Imaginée par Céline Tran (ancienne actrice porno, connue sous le pseudonyme Katsuni, déjà scénariste BD chez Ankama), cette collection porte l'ambition « d'utiliser les possibilités narratives du 9e art pour parler du sexe dans toute sa diversité sous le signe du divertissement », selon l'argumentaire de l'éditeur. Premières publications en septembre, avec le cartoonesque Petit Paul de Bastien Vivès, et le guide Les joies du sex-toy et autres pratiques sexuelles d'Erika Moen. Enfin, Glénat s'associe avec Comix buro pour lancer plusieurs récits de genre. Premières explosions en août avec La mort vivante d'Olivier Vatine et Alberto Varanda, et la comé-die rock La véritable histoire des Franges de Juanjo Rodriguez, avant d'autres parutions dès septembre.

 

Chez Delcourt, l'auteur James va faire un « Pataquès ». Cette nouvelle collection d'humour accueillera, entre août et septembre, Team Méluche d'Hervé Bourhis, Pan ! T'es mort ! de Guerse et Terreur graphique, Amour, djihad & RTT de Marc Dubuisson et Medley de Raphaël B. Au sein du groupe Steinkis, si le nouveau label de manga Vega sera la grande attraction de la rentrée, Jungle ne sera pas en reste avec « Pépites », collection dédiée aux adaptations de romans prescrits par l'Education nationale - Le fantôme de Canterville et La rivière à l'envers pour démarrer. La Boîte à bulles s'associe quant à elle avec Belin pour Toute l'éco en BD et Toute la socio en BD, séries censées embrasser l'ensemble du programme des classes de 1re pour ces matières.

 

Nouveauté et patrimoine : c'est ce que promet Revival. Cette nouvelle maison est lancée par Vincent Bernière, journaliste, auteur et éditeur, responsable de la revue Les cahiers de la bande dessinée et des labels Erotix et Outsider chez Delcourt. Il compte développer ici une triple ligne : ouvrages oubliés (Monsieur Poche d'Alain Saint-Ogan est annoncé), premières œuvres étrangères (Colville de Steven Gilbert, en septembre) et ouvrages sur le 9e art. Enfin, côté comics, -Urban importe le Black Label de DC Comics. « Ce sont des récits complets, dans une veine souvent sombre voire pessimiste, quelque part entre DC et Vertigo, résume le directeur éditorial François Hercoüet. Des histoires qui ne sont pas publiées en fascicules mensuels, des références qui seront amenées à figurer longtemps au catalogue. » Démarrage en octobre avec Batman white knight de Sean Murphy.

 

L'heure des sagas

 

Parallèlement aux grandes séries et aux nouveaux labels, on sent frémir une bande dessinée de genre qui, si elle n'a jamais disparu en France, avait eu tendance à faire profil bas pendant quelque temps. Le souffle nouveau sera sans doute à percevoir du côté de l'aventure et des sagas, historiques ou fantastiques. Dans cette famille, on ne pourra passer à côté de Negalyod de Vincent Perriot : une fresque SF écolo de plus de 200 pages au trait léché, qui n'est pas sans rappeler celui de Mœbius. Dans le même genre, Nico et le cœur de Cronos, par Edoardo Natalini chez Akileos, est alléchant. Et le premier tome chez Delcourt de Poussière de Geoffroy Monde devrait aussi faire date, par son univers foisonnant et son graphisme éclatant. Chez le même éditeur, Annaïg et Loïc Sécheresse retourneront au Moyen Age pour conter la légende d'Ys. Cyril Pedrosa, l'auteur de Portugal, fera lui aussi une balade médiévale, avec sa compagne Roxane Moreil au scénario, pour ce qui sera un des incontournables de la rentrée. Ce diptyque chez Dupuis intitulé L'âge d'or se présente comme une chanson de geste chatoyante, entre conte de fées et fable politique. Décidément, le Moyen Age a la cote : Chloé Cruchaudet revient avec La croisade des innocents, périple d'une bande de gamins à la recherche du tombeau du Christ. Cet album paraîtra au sein du label Métamorphoses (éditions Soleil), qui fête ses 10 ans cet automne.

 

Sur la route toujours, mais en avançant de quelques siècles : Les égarés de Déjima, ou le périple d'un Hollandais dans le Japon du XVIIIe siècle, par Nicolas Wouters et Michele Foletti (Sarbacane) ; Renée Stone, romancière et aventurière des années 1930, héroïne d'une série éponyme de Julie Birmant et Clément Oubrerie (Dargaud) ; ou, dans la même période, les aventuriers de Xibalba, destination mexicaine magi-que de Simon Roussin pour cette fausse suite de Prisonnier des glaces (éditions 2024) ; et après-guerre, la nouvelle série rétro de Yann et Olivier Schwartz, Atom agency (Dupuis).

 

Pas mal, dans le genre

 

Ce nouveau souffle pour l'aventure est doublé d'un programme de science-fiction et de fantastique solide. En SF, il faudra compter avec les nouvelles séries Renaissance de Fred Duval, Fred Blanchard et Emem (Dargaud), Conquêtes, projet de Jean-Luc Istin chez Soleil, Bolchoi arena par Boulet et Aseyn (Delcourt), Eden de Fabrice Colin et Carole Maurel (Rue de Sèvres), ou Villevermine de Julien Lambert (Sarbacane). Mais aussi le comics Southern cross de Becky Cloonan et Andy Belanger (Glénat), la version papier du webcomic Stand still, stay silent de Minna Sundberg (Akileos) ainsi que le one-shot québécois Hiver nucléaire de Cab (Vraoum).

 

Côté fantastique, Delirium créera l'événement avec Grave, recueil inédit de Richard Corben, dernier Grand Prix d'Angou-lême. On scrutera aussi Angel catbird, par l'auteure de La servante écarlate Margaret Atwood (Glénat), Maestros de Steve Skroce chez Hi Comics, Les filles de Salem de Thomas Gilbert et Layla de Jérémy et Mika (Dargaud). On surveillera pour les grands les projets Doggybags chez Ankama et pour les jeunes les nouveaux opus de la collection « Jungle Frissons », ainsi que la fable new age Sous la maison de Jesse Jacobs (Tanibis) ou encore Une nuit avec Lovecraft de Mar-celé et Rodolphe chez Mosquito. Et, dans un genre totalement décalé, Héroïque fantaisie d'Olivier Texier paraîtra chez Les Requins marteaux.

 

Polar et western sont un peu en retrait cette année. On retiendra toutefois Polaris de Fabien Vehlmann et Gwen de Bonneval (Delcourt), C'est pas du polar... de Bruno Heitz (Gallimard), Cyberfatale de Cépanou et Clément Oubrerie (Rue de Sèvres), Eugenia, la douzième victime de Izquierdo et Etienne Schréder (Mosquito) et L'art de mourir de Raule et Philippe Berthet (Dargaud). Parmi les curiosités de la rentrée, The Hoochie Coochie retrouve le détective Rollmops, imaginé par Olivier Philipponneau et Renaud Farace, avec ∏ramide, une BD puzzle aux cases triangulaires, à assembler soi-même ! Un peu plus à l'Ouest, dégaineront Texas Jack de Pierre Dubois et Dimitri Armand au Lombard, Perdy de Kickliy chez Dargaud, Gunfighter de Michel Rouge et Christophe Bec chez Glénat, Calfboy de Rémi Farnos à La Pastèque, et le beau livre Whisky d'Hugues Micol chez Cornélius.

 

Au rayon humour, outre la collection « Pataquès » chez Delcourt, la rentrée tournera autour de deux événements. D'abord le duel Spirou contre Fluide glacial, avec la publication de deux « numéros clash » dans lesquels les dessinateurs des deux magazines se vanneront sans retenue. Ensuite, les 20 ans de Bamboo seront l'occasion pour l'éditeur mâconnais d'inaugurer de nouveaux locaux et d'organiser un festival le 6 octobre, avec pas moins de 150 auteurs du catalogue. Chez Fluide comme chez Bamboo, qui appartiennent désormais au même groupe, cette rentrée sera marquée par la présence de signatures attendues telles Fabcaro, Binet, Witko, Erroc ou Cazenove. Ailleurs, on cherchera un ton original dans Wallace l'intrépide de Will Henry (Jungle), L'ogre amoureux de Nicolas Dumontheuil (Futuropolis), ou The artist tome 2 d'Anna Haifisch (Misma), et dans la satire des années yuppies avec Mode O'Day de Robert Crumb (Cornélius).

 

Conviction dans l'intime

 

Ce n'est pas parce que les grands récits de genre font leur retour que la veine de l'intime et les chroniques sociétales sont délaissées. Bien au contraire. Chez Casterman, Zeina Abirached et Mathias Enard parlent d'amour entre l'Afghanistan de 1939 et l'Allemagne d'aujourd'hui, dans Prendre refuge. Bastien -Vivès brosse le portrait d'une jeune femme qui va grandir d'un coup dans Le chemisier. Amour aussi chez Futuropolis, avec la comédie rurale de Pascal Rabaté et François Ravard, Didier, la 5e roue du tracteur. Chez Dargaud, Catherine Meurisse cherche Les grands espaces de son enfance, tandis que Pierre-Henry
Gomont raconte un père inconstant dans Malaterre. Nina Bunjevac s'abîme dans le psychisme d'un délinquant sexuel dans Bezimena (Ici Même). Chez Delcourt, on parlera obésité morbide dans Moi en double, par Navie et Audrey Lainé, et voca-tion avec Ma vie d'artiste, par Mademoiselle Caroline. Chez Soleil, Jung évoquera de nouveau la question de l'adoption dans Babybox. Introspection à L'Association avec Sébastien Lumineau () et Tofépi (Desh), mais aussi chez Cambourakis avec le retour de Zerocalcare (Macerie prime). Adolescence et dépression sont abordées par Charles Forsman dans Pauvre Sydney ! (L'Employé du Moi), un burn-out violent touche le Super-man du Suisse Gion Capeder (Sarbacane), l'armement et les -réseaux sociaux sont au cœur de Sabrina de l'Américain Nick Drnaso (Presque lune), tandis que les réflexions sur les sexualités traversent Du mensonge de l'Australienne Tommi Parrish (Cambourakis). Jérémie Dres, lui, continue d'enquêter sur ses origines dans Si je t'oublie Alexandrie (Steinkis), tout comme Nora Krug qui, dans Heimat (Gallimard), cherche à en savoir plus sa famille allemande sous le régime nazi. Plus vivifiant sera sûrement Les lumières de Niterói (Çà et là), dans lequel le Brésilien Marcello Quintanilha évoque un souvenir de jeunesse maritime de son père. Et Emilie Gleason s'inspire de son frère, diagnostiqué Asperger, pour décrire avec un trait élastique et des couleurs pop la vie de Ted, drôle de coco (Atrabile).

 

Adaptations et non-fiction toujours au sommet

 

Enfin, les deux grandes tendances de ces dernières années se confirment : les adaptations littéraires et la non-fiction. Côté adaptations, Gallimard relance celles de Philip Pullman, avec La tour des anges. Ça se bouscule chez Glénat avec les transpositions des films L'empereur de Paris et Rémi sans famille, ou Les voleurs de beauté d'après Pascal Bruckner. Mais aussi chez Sarbacane avec Servir le peuple et Le dernier Lapon. Sandrine Martin adapte Le rire de l'ogre de Pierre Péju (Casterman), et Cabanes le Nada de Manchette (Dupuis). Léonard Chemineau s'empare d'Edmond d'Alexis Michalik, chez Rue de Sèvres. Pascal Bresson et Horne transposent Elle s'appelait Sarah de Tatiana de Rosnay (Marabout). Et Les gens heureux boivent du café devient une BD chez Michel Lafon.

 

Côté non-fiction, le rayon enfle à vue d'œil. Avec les biographies en première ligne. Golo poursuit Istrati ! chez Actes Sud, Fabien Nury et Matthieu Bonhomme s'intéressent à Charlotte impératrice chez Dargaud. Frantz Duchazeau évoque le passage de Mozart à Paris, dans un album très intime (Casterman). Violette Morris sera l'héroïne d'une série éponyme de Kris, Bertrand Galic et Javi Rey chez Futuropolis. Glénat parie sur le cuisinier Escoffier, le peintre Caravage par Manara et sur l'auteure aventurière Isabelle Eberhardt. Et Tardi conclut l'histoire de son père au Stalag II B (Casterman).

 

Quant aux BD documentaires ou aux sujets du réel qui infusent dans la fiction, les lecteurs n'auront que l'embarras du choix. Drame des migrants dans L'odyssée d'Hakim par Fabien Toulmé, évasion fiscale dans Les riches au tribunal par les Pinçon-Charlot et Etienne Lécroart (Delcourt), enquête sur L'argent fou de la Françafrique chez Glénat, évocation du harcèlement scolaire dans Seule à la récré de Bloz (Bamboo), bilan caustique de l'humanité dans Petite histoire de l'effondrement de Grégory Jarry et Otto T. (FLBLB). Séra racontera le génocide Khmer dans Concombres amers (Marabout). Jean Van Hamme et Christophe Simon livrent une fiction très réaliste, Kivu (Le Lombard), du nom de cette région du Congo saignée pour son minerai. Les Arènes s'attaquent à l'histoire du vin (par Benoist Simmat et Daniel Casanave), de la Ve République (par Thomas Legrand et François Warzala) et de la médecine (par Jean-Noël Fabiani et Philippe Bercovici). Conformément à sa ligne éditoriale, Steinkis propose pléthore de livres de non-fiction, tels que Une saison à l'Onu, Symphonie carcérale ou Les pionniers du cubisme. Quant à Néjib, il reviendra au temps des impressionnistes avec l'ambitieuse série Swan, qui démarre chez Gallimard en octobre. Comme un résumé de la vigueur de la BD française : s'inspirer du souffle de l'Histoire pour créer de grandes histoires.

Riad Sattouf superstar

Avec, un album, une série animée sur Canal+ et une exposition à Paris, Riad Sattouf sera partout en cette rentrée. A 40 ans, l'auteur et réalisateur, qui peut se targuer d'être un des rares artistes à avoir décroché deux fois le prix du Meilleur album à Angoulême, sera présent à l'automne en librairie, à la télé et même au Centre Pompidou. Il publie chez Allary, le 27 septembre, un 4e tome de L'Arabe du futur, tiré à 250 000 exemplaires. Un record pour un roman graphique, puisque ces chiffres se situent au niveau des Vieux fourneaux ou de la série jeunesse Lou !.

Quelques semaines plus tôt, Canal+ aura lancé la série animée Les cahiers d'Esther. Cinquante épisodes de 2 minutes, s'appuyant sur le premier tome de cette bande dessinée publiée aussi par Allary, réalisés au studio Folimage. Enfin, à partir du 14 novembre, la Bibliothèque publique d'information du Centre Pompidou, qui avait déjà exposé Art Spiegelman, Franquin ou Claire Bretécher, -accueillera une -exposition dédiée à l'œuvre de Riad Sattouf. Planches -originales, croquis, objets -personnels et vidéos seront présentés jusqu'en mars, pour mettre en lumière son itinéraire de créateur et ses sources d'inspiration.

9 livres pour faire bouger le 9e art

Biographies fleuves, carte routière, réalité augmentée... Voici neuf ouvrages pas faciles à ranger au rayon BD, mais qui passionneront les bédéphiles.

Le plus attendu

Emil Ferris a commencé Moi, ce que j'aime, c'est les monstres, sa première bande dessinée, après une longue rééducation suite à une forme aiguë du syndrome du Nil occidental qui l'a paralysée. Ce foisonnant journal intime (800 pages) d'une petite fille de Chicago, se prenant pour un loup--garou et enquêtant sur le passé mystérieux de sa voisine suicidée, a enflammé critiques et public aux Etats-Unis. (Tome I, Monsieur Toussaint Louverture, 416 p., 34,90 €, 23 août.)

Le plus secret

Les Rêveurs poursuivent leur travail autour de Krazy Kat en publiant en français la biographie de son créateur : George Herriman, une vie en noir et blanc. Dans cet ouvrage, l'Américain -Michael Tisserand fouille la vie fort méconnue de cet auteur d'origine créole, considéré comme l'un des plus grands auteurs de strips de l'histoire du 9e art. (Les Rêveurs, 560 p., 28 €, 24 août.)

Le plus nocturne

Après Les noceurs, Les amateurs et Panthère, Brecht Evens revient avec Les rigoles, long récit choral à l'aquarelle. Dans la nuit illuminée de ses couleurs chatoyantes, des personnages boivent, dansent, se croisent, se cherchent. Un style unique. (Actes Sud, 340 p., 29 €, 29 août.)

Le plus complexe

Florent Ruppert et Jérôme Mulot innovent à nouveau. Avec Soirée d'un faune, les auteurs de La technique du périnée proposent un ballet dessiné, inspiré de Debussy et Mallarmé, au véritable format d'une carte routière. A déchiffrer par séquences au dépliage, ou en format poster. -(L'Association, 14 €, 12 septembre.)

Le plus littéraire

Surprise, Nicolas de Crécy sort un roman. Pour Les amours d'un fantôme en temps de guerre, accessible dès 13 ans, le talentueux dessinateur dit avoir été inspiré par Gustave Doré et Gus Bofa. Une centaine de dessins originaux illustrent son texte. (Albin Michel, 216 p., 23,90 €, 26 septembre.)

Le plus connecté

Découvert par l'éditrice Lætitia Lehmann, le jeune Leni Malki propose une virée à Blédard-sur-Seine, cité cosmopolite où le lecteur avance de strips en portraits, en passant par des QR Codes à flasher pour visionner des courts-métrages. Un projet hors norme. -(Michel Lafon, 592 p., 49,95 €, 11 octobre.)

Le plus rare

Dave McKean revient avec un second volume de ses Echos graphiques, 20 ans après le premier - réédité pour l'occasion. Un nouveau recueil d'histoires courtes fantastiques, à la technique mixte entre photo, dessin et peinture, par le trop rare artiste anglais. (Delcourt, 250 p., 29,95 €, 17 octobre.)

Le plus pop

Après avoir disséqué la vie de Rembrandt, le Néerlandais Typex se lance dans la biographie d'Andy -Warhol. Andy zoome sur dix moments clés de la vie du pape du pop art, dans des styles graphiques à chaque fois différents. (Casterman, 562 p., 35 €, 17 octobre.)

Le plus poignant

Dans Indélébile, Luz revient sur ses années à Charlie Hebdo, sa complicité avec Cabu, le bonheur de dessiner avec Wolinski, Charb et les autres. Un ouvrage drôle, tendre et forcément bouleversant. (Futuropolis, 320 p., 24 €, 2 novembre.)

30.08 2018

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