1er avril > Roman Irlande

C’est une femme qui attend. Sans doute parce qu’elle ne sait faire que cela. Irlande, comté de Galway, 1972, Susan O’Hallrahan ne veut plus entendre parler des lointains ou de la rumeur du monde. Ils lui ont pris son mari, revenu d’Amérique dans un cercueil aux couleurs du Sinn Féin, elle a vu la guerre à Londres, qui fut son seul voyage, et une femme courir dans la rue avec dans sa main le pied et le soulier d’un enfant… Il lui reste son fils, Diarmaid, un jeune homme qui détonne dans cette verte Erin encore largement conservatrice et vouée au qu’en-dira-t-on. Diarmaid a les cheveux trop longs, il écoute les Rolling Stones, ne se lie vraiment à personne depuis que l’on a retrouvé son meilleur ami, Derek, pendu à un arbre. Il disparaît longuement pour quelque mystérieuse raison et revient fugacement, le temps d’une conversation, de croiser la route d’un enfant, d’un chien errant, d’une promenade sous les nuages. Il ferait le désespoir de sa mère s’il n’était aussi la cause de son bonheur…

Susan et ce fils sans cesse perdu et retrouvé à jamais sont les héros du premier roman de Desmond Hogan, Le garçon aux icônes. Traduit seulement aujourd’hui en français, le livre est paru en 1976 en Irlande et inscrivit instantanément son auteur parmi les écrivains majeurs de sa génération aux côtés d’un McEwan ou d’un Ishiguro. Son (excellent) traducteur et éditeur, Pierre Demarty, révèle en sa préface que s’il continue à écrire, Hogan consacre depuis l’essentiel de son énergie à disparaître de toute scène publique et ce, malgré l’admiration que ne manquent jamais de lui témoigner une Joyce Carol Oates, un Colum McCann ou Colm Toibin. Désir de dissolution et nostalgie violente d’un état d’innocence initial, Desmond Hogan, renonçant à tout "folklorisme" irlandais, offre une œuvre mystérieuse et picturale, ouverte à tous les vents des passions. Olivier Mony

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