28 août > roman France

Né au bord de la Saintoire, Joseph Rodde a 58 ans, bientôt 59. Le héros du nouveau roman de Marie-Hélène Lafon travaille comme ouvrier agricole dans une ferme du Cantal. Sa dernière place avant d’entrer à la maison de retraite de Riom. Autour de lui, il y a le patron, dont la grande expression est "faire maison" ; la patronne, qui a eu le même instituteur que lui, et qui ne laisse rien aller de travers ; leur fils, appelé à prendre la suite des affaires. Sans oublier le chien Raymond, "toujours au bon endroit au bon moment quand on a besoin de lui".

Joseph observe, écoute, comprend. Il a la mémoire encore vive, repense à "des choses de l’enfance qu’il avait cru oubliées et qui remontaient". Aux années où il est tombé dans la boisson. A Sylvie, "trouvée" au bal, fan de Johnny Hallyday, qui l’a quitté pour un représentant de commerce. A son frère Michel, patron d’un bar-tabac-Maison de la presse, qui n’habite plus la région et a eu deux filles qu’il n’a vues qu’en photo. Au père, séché par une attaque. A la mère, morte dans son sommeil.

Joseph, l’auteure du Soir du chien (Buchet-Chastel, 2001, prix Renaudot des lycéens, repris en Points) et de L’annonce (Buchet-Chastel, 2009, repris en Folio) le montre avec ses pantoufles à carreaux vert et bleu marine. Quand il fait sa toilette au lavabo de l’étable. Qu’il dort à plat sur le dos, sans oreiller ou sans traversin. Joseph, dit-elle encore, aime le patinage artistique à la télévision. Dîne à dix-neuf heures en hiver. S’occupe des différentes traites de la journée, des bricoles à ranger ou à réparer dans l’arrière-cave. De livre en livre, Marie-Hélène Lafon explore avec une belle économie de moyens et une rare justesse un monde à la fois immuable et en pleine mutation. Un monde dont Joseph est le témoin idéal. Al. F.

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