25 août > Roman France

Après Murmures à Beyoglu (Gallimard, 2009, repris chez Folio), où il était question du pays de son père, la Turquie, David Boratav signe un roman différent dans lequel il utilise certains éléments de son parcours personnel.

C’est l’histoire, racontée vingt-cinq ans après par Hermann Brock, un Allemand devenu avocat au TPI de La Haye, d’une amitié de jeunesse avec Sébastien Chevalier qui décide un jour de disparaître. Hermann et Sébastien se sont rencontrés en Angleterre au début des années 1990, à Clothworkers où ils étaient venus faire leurs études de droit. Le second, de père turc et de mère suisse, se remettant à peine d’un profond chagrin d’amour. Abandonné par Clara, il a continué à lui écrire des lettres, jusqu’à ce qu’il apprenne qu’elle s’était mariée. Autre traumatisme, Sébastien n’a pas connu son père, Mehmet Kahraman, un Turc d’origine persane qui avait fui le MIT, la police secrète de son pays pour partir combattre à Sarajevo. Pour tout héritage, il a légué à son fils un peu d’argent et un Sarsilmaz ("Inébranlable"), une arme de poing .45 très populaire en Turquie ! De quoi enflammer l’imagination d’un adolescent mal dans sa peau, qui ne sait ni d’où il vient ni où il va. Et pourtant, Sébastien, selon Hermann, était un garçon élégant et cultivé, sensible, doué pour se faire des amis : Sasha le musicien paumé, Antoine, qui lui fait croire qu’il est parti se battre dans les Balkans alors qu’il a tout lâché pour une femme, et Hermann, bien sûr. Lequel, grâce aux confidences de son ami, à son Journal dont il lui fait lire des passages, s’efforce de reconstituer son chemin jusqu’à leur rencontre, d’analyser cette personnalité insaisissable, et surtout de comprendre pourquoi il est parti à Sarajevo, chercher son père.

Se sont-ils trouvés, sont-ils encore de ce monde ? Le roman, sensible, ténu, sinueux de David Boratav ne le dit pas. J.-C. P.

27.05 2016

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