8 janvier > Roman France

Dans Le meilleur du monde, le deuxième roman de Virginia Bart, auteure de L’homme qui m’a donné la vie (Buchet-Chastel, 2010), Sète, où se noue et se renoue une passion d’adolescence, fournit un décor qui est comme un protagoniste. Cadre dans une école de journalisme à Paris, Jeanne, la narratrice - tout comme l’écrivaine - est de là : elle a passé son enfance et ses années de lycée sous la lumière vive et aquatique de la ville portuaire et la maison de ses parents, aujourd’hui résidence secondaire, "anodine villa comme il y en a tant au bord de l’étang de Thau", est devenue ensuite "le paradis" des vacances d’été. Des mois d’août à y nourrir la promesse d’un nouveau départ, à se bercer de la rengaine "tout sera mieux demain".

Sans enfants, elle a choisi la stabilité sentimentale avec le doux, le souple, le rassurant Nicolas, rencontré pendant les années étudiantes, dont elle partage la vie depuis dix-sept ans. Un bonheur tiède, autant dire ennuyeux. "Je m’éteignais dans une langueur poisseuse", se souvient-elle en évoquant ce jour où, au concert d’un groupe punk de sa jeunesse, pendant les fêtes de la Saint-Louis, elle croise par hasard Christophe, l’amour de ses 16 ans. "Fils perdu", musicien aux allures de star de cinéma, resté jouisseur du présent, le garçon n’est pas plus le genre de la bonne élève, élitiste, soucieuse de faire plaisir à ses parents qu’elle a été, que celui de la femme "arrogante" et "désillusionnée" qu’elle est devenue. Mais comment résister à sa liberté d’être ?

Pour raconter cette histoire banale - l’envie de prolonger l’adolescence au-delà de la quarantaine, le fiasco annoncé de cette quête pour retrouver un "cœur de jeune fille" -, Virginia Bart trouve un ton sec, distant et railleur évoquant sans attendrissement la réactivation de pulsions anesthésiées et les frustrations impossibles à tarir autant qu’à refouler.

V. R.

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