Deux romans grand format, un poche, trois mangas, un essai et une bande dessinée ont rejoint et transformé pendant la première semaine d'avril le Top 20 des meilleures ventes de livres, tous genres confondus. Ils lui donnent, en quelque sorte, sa physionomie printanière. Car force est de constater, en comparant les palmarès à la même période sur plusieurs années, qu'ils présentent toujours peu ou prou le même profil. On y retrouve les mêmes romanciers à succès dont Guillaume Musso, doublement en tête en grand format et en poche, Agnès Martin-Lugand ou Aurélie Valognes, et au total une demi-douzaine de romans grand format, sept ou huit poches, une poignée de mangas (souvent les mêmes séries), de bandes dessinées et d'essais.
Cette constance rassure. Elle garantit aux libraires un pack de « locomotives » dans la période traditionnellement accidentée des vacances scolaires et des ponts du mois de mai. Quoi qu'on en dise, les éditeurs ne tirent pas toutes leurs (grosses) cartouches à l'automne, et certains auteurs à succès ne rechignent pas à publier hors de la spirale des fêtes de fin d'année. Moins porteur commercialement, le premier semestre est aussi moins encombré, et il permet de belles opérations médiatiques.
Dans un contexte de stagnation du marché, l'absence de surprise peut pourtant constituer une fragilité. Début avril 2016, adossé aux mêmes piliers, le Top 20 reflétait les succès inattendus d'En attendant Bojangles, paru deux mois plus tôt, deVous n'aurez pas ma haine, l'hommage puissant d'Antoine Leiris à sa fille assassinée en novembre au Bataclan, et duCharme discret de l'intestin, en 53esemaine. Début avril 2017, à côté de deux documents politiques, année électorale oblige,La vie secrète des arbres, de Peter Wohlleben, créait à son tour l'événement. En 2018 et en 2019, le classement étonne moins. Avec un message réconfortant sur les valeurs sûres, il porte un défi : comment créer la surprise en librairie ?
