La rentrée littéraire 2012 que nous présentons dans ce numéro ressemble à s'y méprendre à celle de 2011 : même nombre de romans à quelques unités près, 646 contre 654, et même attente inquiète après un premier semestre particulièrement maussade en librairie. Elle pourrait avoir, espérons-le, le même effet positif sur les ventes.
Début septembre, pourtant, le paysage de l'édition française sera complètement différent. Le rachat de Flammarion par Gallimard, dont le principe vient tout juste d'être acté, va bouleverser les équilibres actuels. Il donne naissance à un groupe de plus de 500 millions d'euros, le troisième de l'édition française derrière Hachette Livre et Editis (détenu par l'espagnol Planeta). Le seul des trois à être entièrement centré sur la littérature générale, de la BD au poche, en passant par les romans, les essais et les documents.
S'il est mené à son terme, comme c'est probable, après la consultation des comités d'entreprise de Flammarion et l'avis de la Commission de la concurrence pendant l'été, ce rachat ramènera en France la maison fondée en 1875 par Ernest Flammarion. Elle avait été cédée à l'italien RCS (Rizzoli Corriere della Sera) en 2000. Depuis, Flammarion a prospéré, jusqu'à afficher en 2011 une rentabilité de 12 %.
Une belle affaire pour Gallimard qui vient de fêter son centenaire et trouve là l'occasion d'un développement inespéré. Mais on peut aussi voir dans cette nouvelle étape de la concentration de l'édition française une des premières conséquences sur le secteur du livre de la crise européenne. Miné par ses dettes, qui se montent à 980 millions d'euros, à cause de ses difficultés en Italie et en Espagne dans le domaine de la presse, le groupe transalpin a dû se résoudre, non sans mal, à vendre un de ses fleurons.
Gallimard fait en tout cas un beau pari sur l'avenir du livre.