Spotify : toujours plus d'abonnés mais toujours pas de profits
Le numéro un mondial des plateformes audio Spotify a annoncé mardi 31 janvier avoir atteint un nouveau sommet de 205 millions d'abonnés payants fin 2022, au-delà des attentes, tout en creusant ses pertes, son problème chronique.
Sotify, fleuron suédois du streaming qui tente de se lancer sur le marché du livre audio, a annoncé un plan de suppression de près de 6% de ses effectifs pour adapter ses coûts à sa croissance et a subi une perte nette de 430 millions d'euros l'an passé, beaucoup plus importante qu'en 2021 (34 millions).
Le milliard d'utilisateurs visé pour 2030
Le chiffre d'affaires annuel - qui vient essentiellement des abonnés - dépasse lui légèrement les attentes, avec une hausse de 21% sur un an, à 11,7 milliards d'euros. Le nombre d'abonnés payants du leader mondial du streaming audio a augmenté de 14% sur un an, à 205 millions, contre 202 millions attendus par les analystes, tiré selon le groupe par une bonne croissance dans toutes les régions et notamment en Amérique latine. Le groupe vise le milliard d'utilisateurs en 2030.
De récentes campagnes de publicité se sont traduites par un succès, affirme le groupe. Le nombre d'utilisateurs total, y compris ceux de la version gratuite, a lui atteint 489 millions et devrait franchir la barre du demi-milliard à la fin du premier trimestre 2023, selon Spotify.
Cette hausse, enregistrée malgré la perte de 2 millions d'utilisateurs en Russie, a notamment été tirée par une nombre croissant d'utilisateurs issus de la génération Z, née à la fin des années 1990, selon Spotify. « Nous avons bien terminé 2022 malgré une année », a affirmé le patron suédois et cofondateur du groupe, Daniel Ek, saluant « une excellente croissance » de la plateforme et promettant une "meilleure efficacité" en 2023. Spotify prévoit d'atteindre 207 millions d'abonnés payants fin mars.
La plateforme basée à Stockholm mais cotée à New York a été ponctuellement rentable certains trimestres. Mais elle accuse régulièrement des pertes depuis plusieurs années, malgré une croissance fulgurante du nombre de ses abonnés et une avance sur ses concurrents comme Apple Music ou Amazon Music.
Le podcast et le livre audio
Daniel Ek, 39 ans, avait annoncé la semaine dernière la suppression d'environ 600 postes, sur un total légèrement inférieur à 10 000, dans le sillage d'autres grands noms de la tech mondiale. Il avait reconnu avoir été « trop ambitieux en investissant plus vite que notre croissance de chiffre d'affaires ». Le plan social est le plus gros de la jeune histoire du fleuron scandinave, start-up fondée en 2006 à Stockholm et devenu un des rares grands noms européens de la tech. En novembre, Youtube avait annoncé avoir franchi les 80 millions d'abonnés payants, soit 30 millions en plus en un an à travers le monde.
Michel Krause, directeur opérationnel de Spotify pour l'Europe centrale- Photo OLIVIER DION
Pour télécharger ce document, vous devez d'abord acheter l'article correspondant.
Leader historique du streaming musical légal, Spotify a aussi investi plus d'un milliard d'euros dans le podcast ces dernières années, devenant là aussi numéro un mondial. Mais la rentabilité reste encore à démontrer, selon les analystes, de plus en plus dubitatifs. Le développement du podcast a également été source de controverses, notamment avec la star américaine Joe Rogan, accusé de répandre de la désinformation dans ses émissions. Si Spotify a été ponctuellement rentable, le groupe basé à Stockholm accuse régulièrement des pertes depuis plusieurs années, malgré une croissance fulgurante du nombre de ses abonnés et une avance sur ses concurrents comme Apple Music ou Amazon Music.
Spotify avait ensuite annoncé ses grandes intentions sur le marché du livre audio. Souhaitant développer un catalogue riche de 300 titres audio, l'entreprise a là aussi massivement investi, notamment en annonçant le rachat de Findaway, spécialiste du livre audio anglophone. Mais le projet n’a toujours pas vu le jour.
Tous ces doutes se matérialisent en Bourse: l'action Spotify est à la peine depuis deux ans et a perdu près des deux tiers de sa valeur. La capitalisation boursière est repassée sous les 20 milliards de dollars.
Saisie en 2022 par la chaîne de librairie Payot, la Commission de la concurrence Suisse (Comco) a estimé que les prix d’achats proposés par Madrigall sont abusifs. Une décision, soumise à appel, qui pourrait changer la donne entre les distributeurs français et les libraires suisses.
Lagardère Publishing, troisième groupe mondial d’édition, renforce sa présence aux États-Unis avec l’acquisition de Sterling Publishing, annoncée jeudi 21 novembre.