Nous avons retenu notre souffle, applaudi, vibré. Durant un mois, les Jeux olympiques et paralympiques (JOP) de Paris ont suscité émerveillement et admiration. Après le dernier coup de sifflet le 8 septembre, l'enchantement ne se dissipe pas. En cette rentrée des beaux livres, les maisons entendent poursuivre le rêve sportif en librairie. Solar édite Le livre d'or 2024 des Jeux quand Hugo Sport prolonge la magie avec les journalistes Mejdaline Mhiri et Damien Burnier. Ces derniers proposent à la fois Le livre officiel des Jeux olympiques de Paris 2024 et Les grands moments des Jeux olympiques de Paris 2024. De son côté, Casa rassemble les « plus belles photos » de l'agence de presse Iconsport dans Les Jeux olympiques et paralympiques 2024.
Ville sublimée
Dans la foulée, Paris dévoile ses mille facettes. Effet des JOP ou concours de circonstance ? Nous ne saurions dire. Toujours est-il que la Ville Lumière se découvre à travers son architecture (Paris promenade dessinée de Pierre Thiébaut, Hazan), ses habitants et habitantes (Paris de toutes les couleurs de Jean-Baptiste Pellerin, Les Grandes personnes), ses affiches (La ville captivée de Laurent Cuvelier, Flammarion) ou encore ses grands magasins (La saga des grands magasins, RMN-GP, à l'occasion de l'exposition du même nom à la Cité de l'architecture et du patrimoine, du 6 novembre au 6 avril).
Chez Albin Michel, les photographes Yves Marchand et Romain Meffre proposent même une visite des Ruines de Paris à l'aide de l'intelligence artificielle. Jacques Pessis raconte la fête à Paris à travers l'histoire du Moulin Rouge (La Martinière). Le Paris littéraire est aussi à l'honneur dans les catalogues d'Autrement (À Paris. Sur les pas des personnages de roman d'Ismaël Jude), de Gallimard (Un abécédaire littéraire parisien. D'Aragon à Zola de Jean-Nöel Mouret) et de Parigramme (Saint-Germain-des-Prés de Françoise Ravelle).
Art du livre
La littérature, d'ailleurs, continue de revêtir ses plus beaux atours. Citadelles & Mazenod offre un écrin de choix à une anthologie de la poésie chinoise ainsi qu'aux contes des Mille et une nuits. Pour son unique nouveauté, Diane de Selliers fait le choix de donner à découvrir le poème allégorique en vers libres Kaïdara d'Amadou Hampâté Bâ avec les illustrations d'Omar Ba. La parution de l'ouvrage donnera lieu à une exposition des œuvres de l'illustrateur dans la galerie Templon à Paris, du 30 octobre au 21 décembre. Le Seuil publie une anthologie de haïkus sur le thème de l'eau.
Les artistes du livre sont aussi à l'honneur, comme le père d'Astérix René Goscinny (René Goscinny, dans l'intimité d'un scénariste de génie d'Aymar Du Chatenet, Flammarion), la créatrice d'Ernest & Célestine Gabrielle Vincent (Patchwork, Daniel Maghen) ou l'auteur de Game of Thrones George R. R. Martin (Les mondes de Georges R. R. Martin de Tom Huddlestone, Du May). Après Amérique. Des écrivains en liberté (Albin Michel, 2016), Jean-Luc Bertini et Alexandre Thiltges poursuivent leur galerie de portraits dans Amérique. Des écrivains en majesté (Albin Michel).
Huginn & Muninn part sur les pas de Stan Lee avec Marvel, l'encyclopédie tandis que Fluide Glacial célèbre 50 ans de couvertures avec Jean-Christophe Delpierre. Alors que Gérard Poteau se met à la table des écrivains (Falaises), le chef Guy Savoy cuisine les écrivains du XVIIIe siècle après avoir fait revenir celles et ceux des XVIe et XVIIe siècles (Herscher).
Sens en éveil
Le beau se mêle ainsi au bon. Au-delà de la seule vue, l'éveil des sens s'exprime par le biais de titres culinaires. Pierre Sauvage nous entraîne dans un voyage visuel et culinaire à travers les réceptions les plus élégantes du monde avec Plans de table (Flammarion) tandis que Stéphane-Jacques Addade se concentre sur les Tables d'argent (EPA). Après un premier volume publié il y a deux ans, Whoogy's propose un second tome de son Manuel du cuisinier amateur (Chêne). François-Régis Gaudry raconte ses Histoires de cuisine (Marabout). Olivier Marie présente Rennes, scène culinaire (Ouest-France). Alexander Smalls met à l'honneur La cuisine africaine d'aujourd'hui (Phaidon).
L'odorat n'est pas en reste. Frédéric Revol replace l'industrie du whisky dans un contexte environnemental et sociétal dans Whisky de montagne (Terre Vivante) tandis que Jérémy Stan et Owen Ryan proposent La bible du whisky (365). Hervé Chopin décrypte Le rhum Clément. Theresa M. Bullmann et Laurent de Sutter plongent dans le monde des spiritueux avec Le grand livre des gnôles naturelles (Intervalles). Arlette Rohmer part à la découverte d'une culture dans Le thé, la terre et les hommes (La Martinière). À noter également, la publication de Vins, huiles et parfums (Collège de France) qui retrace l'évolution des pratiques olfactives de l'Empire romain à nos jours et accompagne l'exposition éponyme au Collège de France (28 octobre-31 janvier).
Voyages au bout du monde
Loin de se contenter de convoquer la capitale française, les programmes invitent aussi nos sens à parcourir le monde à la découverte d'autres cultures et paysages. Illiès Boussaha et Camille Hinas relatent leur voyage « sur la route du Cachemire » dans Terres de lumières (EPA). Marie et Arnaud Epagneau Comte marchent En quête d'Europe (Magellan & Cie). Bleu autour montre que L'Égypte dure longtemps et Zahi Hawass dévoile les secrets des Pyramides (White Star). À travers Les arts moghols, Citadelles & Mazenod retrace l'histoire de l'Empire moghol. Jean-Christophe Rufin voyage Sur le fleuve Amazone (Calmann-Lévy). Bernard Plossu expose son Odyssée des petites îles italiennes (Textuel). Louis Vuitton enrichit sa collection « Fashion eye » avec trois titres : Iceland de Jackie Nickerson, Mexico de Deborah Turbeville et Scotland d'Alasdair McLellan. Taschen dépasse les frontières planétaires pour donner à voir Mars avec Nikki Giovanni.
Le voyage n'est cependant plus envisagé de la même manière qu'auparavant. Le YouTuber Benjamin Martinie nous invite à Voyager en train avec Hourrail (Hachette Tourisme), du nom de son média de voyage écoresponsable, quand Lonely Planet explique comment Explorer le monde en train tandis que Roff Smith montre Le monde en vélo (National Geographic).
La conscience des enjeux environnementaux est d'ailleurs omniprésente dans de nombreux ouvrages. Francis Hallé illustre La beauté du vivant (Actes Sud). Terre vivante lève le voile sur la Forêt secrète avec les dessins de Jo Brown. La maison continue son aventure de coédition avec Plume de carotte en publiant Terres. Tous les savoirs, toutes les histoires, tous les pouvoirs, tous les espoirs de Serge Schall. Thibaut Marchand donne à découvrir les Arbres remarquables de Nouvelle-Aquitaine (Sud-Ouest). Phaidon célèbre les Arbres et les Éditions du patrimoine fêtent les 20 ans du label « Jardin remarquable ».
Revisité, le jardin devient un champ d'exploration écologique et artistique. Claire Takacs et Giacomo Guzzon présentent 80 Jardins visionnaires (Ulmer). Avec Inventer le jardin (Seuil/Bibliothèque nationale de France), Gilles Clément, Monique Mosser, Mirabelle Croizier et Antoine Quenardel explorent l'art du jardin à partir d'une sélection d'enluminures, d'estampes, d'affiches et de dessins.
L'architecture est aussi mobilisée pour penser l'urgence climatique. Agata Toromanoff réunit 75 architectes pour un monde durable (La Martinière) et Cayetano Cardelus présente des projets associant architecture et paysage dans Retour à la nature (Layeur). Guy Bloch-Champfort présente le travail d'Henri Quillé (Norma), qui a notamment construit une dizaine de maisons autosuffisantes.
Culture visuelle
Enfin, les beaux livres de la rentrée invitent à contempler les différents arts et à découvrir la photographie, la peinture, le cinéma ou encore le street art en compagnie de leurs artistes.
Au rayon photo, Boris Friedewald retrace l'œuvre et la vie des Femmes derrière l'objectif (La Martinière). Après ses best-sellers consacrés aux femmes qui lisent, écrivent, aiment et aux artistes féminines, Laure Adler revient avec Les femmes photographes sont dangereuses (Flammarion). Actes Sud enrichit sa collection « Photo poche » avec Susan Meiselas et Vivian Maier. Thomas Galifot propose une monographie de Céline Laguarde (Gallimard/Musée d'Orsay) à l'occasion d'une exposition consacrée à la photographe dans l'établissement parisien jusqu'au 12 janvier 2025. En peinture, Hazan concentre son attention sur les thèmes des anges (Les anges dans la peinture de Laurent Bolard) et des symboles (Les symboles dans la peinture de Robert Bared), et Citadelles & Mazenod met en lumière le thème du ciel (Le ciel des peintres de Daniel Bergez).
Plusieurs cinéastes remportent les faveurs des maisons. Ici-même retrace la carrière de Quentin Tarantino dans Mondo Tarantino. Les Presses de la Cité publient les entretiens menés par Jean Ollé-Laprune et Yves Alion avec Claude Lelouch. Le cinéma c'est mieux que la vie. Ian Nathan livre une « filmographie intégrale du réalisateur culte » Steven Spielberg (Gallimard). Pau Gomez propose une Almodovar rétrospective chez Hors Collection et Wes Anderson se découvre avec Christophe Narbonne dans la collection « La totale » d'EPA.
Les arts urbains se révèlent dans Street-art d'Alessandra Mattanza (Hugo Image). Albin Michel expose « la revanche du street-art » avec We are here à l'occasion de l'exposition éponyme ouverte au Petit Palais jusqu'au 19 janvier. Alternatives édite La grande illusion, une monographie consacrée à Speedy Graphito qui montre depuis plusieurs décennies une nouvelle façon d'observer le monde par une approche immersive et sensorielle.
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Monts, fonds et merveilles
Monts, fonds et merveilles
Corps battants
La rentrée rime avec l'ouverture d'une nouvelle saison d'expositions. Lesquelles trouvent un écho en catalogue. Sans viser l'exhaustivité, Flammarion prolonge la première édition du rendez-vous international d'art contemporain d'Île-de-France (mai-septembre 2024) avec La Métropolitaine et publie la rétrospective du travail de la peintre Harriet Backer (musée d'Orsay, jusqu'au 12 janvier). Le Louvre-Lens et la RMN-GP explorent les liens entre la création et les exils (musée du Louvre-Lens, jusqu'au 20 janvier). Le centre Pompidou parisien s'intéresse à la nouvelle génération d'artistes en Chine (jusqu'au 3 février) tandis que celui de Metz présente le travail de Cerith Wyn Evans (centre Pompidou-Metz, du 1er novembre au 14 avril). Hazan et Beaux-arts mettent tous deux en lumière le travail artistique de Gustave Caillebotte pour Peindre les hommes (musée d'Orsay, jusqu'au 19 janvier). Paris-Musées explore L'âge atomique (musée d'Art moderne de la Ville de Paris, jusqu'au 9 février). Gallimard publie les catalogues Zombis. La mort n'est pas une fin ? (musée du Quai Branly-Jacques-Chirac, jusqu'au 16 février), L'intime. De la chambre aux réseaux sociaux (musée des Arts décoratifs, jusqu'au 30 mars) et Figures du fou (musée du Louvre, jusqu'au 3 février). Paris-Musées s'immerge dans Paris 1793-1794. Une année révolutionnaire (musée Carnavalet, jusqu'au 16 février). Michel Lafon dresse l'histoire de l'industrie textile avec Made in France (Archives nationales, jusqu'au 27 janvier). In Fine met en lumière Louise d'Orléans (musée Condé, Chantilly, du 19 octobre au 16 février). Hazan documente « l'écriture du regard » de la photographe Gisèle Freund (Pavillon populaire, Montpellier, du 6 novembre au 9 février). Norma présente l'âge d'or du commerce de la perle dans Paris, capitale de la perle (École des arts joailliers, à partir du 21 novembre au 23 mars). Les Musées de la ville de Strasbourg décryptent les Enfantillages. L'Alsace et les prémices de l'illustration jeunesse (musée des Beaux-arts, du 8 novembre au 17 février). Enfin, la RMN-GP et le Musée national des arts asiatiques-Guimet présentent La Chine des Tang (musée Guimet, du 20 novembre au 3 mars).