Troman courtois. À la fin, le héros, le chevalier Philippe, fils naturel de Gauvain le solitaire (compagnon d'Arthur à la Table ronde) et d'une bûcheronne, coule des jours heureux dans une modeste chaumière avec sa belle, la Dame du verger, fille du Chevalier vert. Ils ont une fille, prénommée Héloïse. C'est peut-être pour cela que l'éditrice Héloïse d'Ormesson a choisi de publier ce livre. Ou par goût pour les romans décalés.
Passionné par la Bretagne et le Moyen-Âge (ça va bien ensemble), le flûtiste et compositeur Robin Troman joue ici avec les codes du roman de chevalerie. Il reprend des éléments de base du cycle de la Table ronde et un certain nombre de personnages authentiques. Il y ajoute quelques péripéties de son fait, pas mal de digressions poétiques sur la forêt bretonne − Brocéliande n'est pas loin − ou grande-bretonne (pays de Galles). Tous les ingrédients sont là : les méchants (le comte de Kaerfons, des brigands...), le surnaturel, les tournois, les duels, un serpent dragon... Mais Troman y glisse un clin d'œil très contemporain. La Dame du verger (ou à la tresse) se révèle une féministe avant l'heure, qui en a assez de l'amour courtois, s'ennuie dans sa vie. Elle milite pour la fin de l'exploitation de l'homme par l'homme et l'extinction du paupérisme. Le chevalier, assez falot, adhère mollement. On l'imagine restant à la chaumière à pouponner tandis que sa mie s'en ira guerroyer. Bienvenue au XXIe siècle.
Le Chevalier, la Dame et le Serpent
Éditions Héloïse d'Ormesson
Tirage: 2 500 ex.
Prix: 17 € ; 116 p.
ISBN: 9782350879819