Édito par Fabrice Piault, rédacteur en chef adjoint

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En matière de numérique, sur un marché du livre fort différent de ceux des Etats-Unis et du Royaume-Uni, l’édition française avait visiblement fait sienne la célèbre maxime de La Fontaine, "rien ne sert de courir, il faut partir à point". Mais, plusieurs années après son essor spectaculaire dans le monde anglophone, le "ebook" finit aussi par décoller dans l’Hexagone, où 2013 restera comme l’année du tournant. Sur le segment de la littérature générale "adulte", qui demeure de loin le plus concerné pour l’instant, les ventes ont à peu près doublé à un an d’intervalle. Le livre numérique représente en moyenne, autant qu’on puisse en juger en recoupant les données des éditeurs, environ 3 % du chiffre d’affaires et de 4 à 5 % des ventes en exemplaires. Il constitue désormais un marché, que chacun s’attache à faire prospérer.

Paradoxalement, l’expérience britannique n’incite pas forcément les Français à rompre avec leur prudence plus ou moins assumée. Outre-Manche, où le volontarisme numérique enthousiaste des éditeurs a accéléré la fragilisation d’un commerce du livre imprimé, déjà bien mis à mal par la liberté des prix, le plafonnement, l’an dernier, de la croissance numérique après deux ans d’explosion replace la profession face aux défis d’un marché privé de ressort par l’effondrement de la librairie.

En France, ce n’est pas de ressort dont manque le marché du livre, mais d’un matelas de lecteurs et d’un sommier économique. En 2013, les ventes de livres se sont révélées plus dynamiques que l’ensemble du commerce de détail, mais, dans le contexte de crise, elles sont en retrait pour la quatrième année consécutive. En cause, la baisse réitérée de la fréquentation des librairies qui fait écho au recul constant du noyau de gros lecteurs établi par les études récurrentes sur les pratiques culturelles des Français. Dans ce domaine, comme le pointent Vincent Monadé, président du CNL, et Vincent Montagne, président du SNE, un vaste plan de développement de la lecture, mobilisant non seulement les secteurs culturels, mais, avant tout, le monde de l’éducation, serait le bienvenu.

31.01 2014

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