A Angoulême, jamais deux sans trois pour Riad Sattouf. Après deux Fauve d'or obtenu en 2010 et 2015, le Grand prix du festival international de la bande dessinée d’Angoulême 2023, plus haute récompense en France du monde de la bande dessinée, lui a été décerné mercredi 25 janvier, à l’occasion de la cérémonie d’ouverture du FIBD 2023. L’auteur de L’Arabe du futur et des Cahiers d’Esther, est cette fois-ci distingué pour l’ensemble de son œuvre. 

"C'est très impressionnant", a-t-il déclaré après une ovation debout. Il a rendu hommage à sa grand-mère maternelle qui, la première, a cru en son talent. "J'ai voulu faire une bande dessinée en imaginant qu'elle voudrait la lire, elle qui n'aimait pas ça", a expliqué le dessinateur à propos de L'Arabe du futur. "Je suis profondément honoré et ému (...) C'est la pièce maîtresse qui manquait en haut de la pyramide de mon ego", a-t-il lancé. "Faites des livres, et encore des livres. D'ailleurs c'est ce que je vais faire moi aussi".

Riad Sattouf a devancé deux femmes, dont la Française Catherine Meurisse, battue en finale pour la quatrième fois consécutive. L'Américaine Alison Bechdel avait quant à elle reçu une forme de reconnaissance, moins visible mais plus rare, quand Les Secrets de la force surhumaine avait été retenu par le prix littéraire français Médicis dans sa première sélection en littérature étrangère en septembre.

Entre la France et le Moyen-Orient

Né à Paris en 1975, Riad Sattouf vit une partie de son enfance entre la Libye et la Syrie, période dont il termine de raconter les aventures dans le sixième et dernier opus de L’arabe du futur (1994-2011) (Allary éditions, 2022). C’est la découverte des Aventures de Tintin à l’âge de 5 ans qui « a déterminé la suite de mon existence », confiait l’auteur dans une interview au Monde, en novembre 2020.

A l’âge de 12 ans, Riad Sattouff revient en France et intègre une école d’arts appliqués à Nantes. Après un passage à l’école Pivaut, il rejoint ensuite l’école des Gobelins, grâce à laquelle il rencontre l’éditeur Guy Delcourt, qui lui commande les trois tomes d’une première série Petit Verglas.

Des premiers pas prolifiques

A la même époque, Riad Sattouf s’installe dans un atelier parisien aux côtés de Christophe Blain, Mathieu Sapin et Joann Sfar, lequel contribue à éveiller le style du jeune dessinateur, en éditant Manuel du puceau et Ma circoncision (2002). En parallèle, Riad Sattouf signe avec Dargaud et publie l’album Les pauvres aventures de Jérémie, couronné du prix René-Goscinny du meilleur scénario.

Jusqu’en 2014, l’artiste s’invite dans les pages de Charlie Hebdo et lance, dans le même temps, une série frisant avec le tragi-comique pour Fluide glacial et dont le deuxième et troisième tome reçoivent, l’un dans l’autre, le prix Jacques-Lob puis le Fauve d’or d’Angoulême 2010.

Au même moment, Riad Sattouf expérimente la réalisation cinématographique avec son scénario Les beaux gosses. Le film est un véritable succès et remporte le César du meilleur film (2010). Il révélera également l’acteur Vincent Lacoste, retrouvé récemment au sein de la maison d’édition, « Les livres du futur », au sein de laquelle Riad Sattouf publie Le jeune acteur 1 : aventures de Vincent Lacoste au cinéma, éditée en 2021.

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L'arabe du futur, succès ultime

Si son matériau de prédilection, la jeunesse, fait le succès de ses œuvres, c’est surtout avec sa série L’arabe du futur, débutée en 2014, que Riad Sattouff se propulse à l’international. Les cinq premiers volumes, qui racontent sa jeunesse et son adolescence au Moyen-Orient, sont traduits en 23 langues et se vendent à plus de 3 millions d’exemplaires.

Le premier tome reçoit le Fauve d'or d'Angoulême en 2015 et dans la foulée, le Graphic Novel Prize décerné par le Los Angeles Time.

Le dernier tome de la série, Une jeunesse au Moyen-Orient (1994-2011) (Allary éditions) a été tiré à 370 000 exemplaires et s'est hissé à de nombreuses reprises sur le podium des meilleures ventes d’après GFK. 

Le Grand Prix de la Ville d'Angoulême est remis depuis 1974, avec à son palmarès tous les grands noms de la bande dessinée, particulièrement franco-belge. En 2022, c'est la Canadienne Julie Doucet qui avait été récompensée. Comme le veut la tradition, elle a remis le Grand prix à son successeur, et une exposition lui est consacrée lors de ce Festival.

Le Festival accueille les meilleures années près de 200.000 visiteurs, mais doit se relancer après une édition 2021 annulée et une édition 2022 qui avait eu moins de succès en étant reportée en mars.