12 octobre > Jeunesse France > Sophie Chérer

"Mal nommer un objet, c’est ajouter aux malheurs du monde", écrivait Camus. Raison sans doute pour laquelle Sophie Chérer entreprend de remonter le cours de certains mots jusqu’à leurs sources. Jusqu’à leur sens originel, enfoui, oublié. Plutôt qu’un dictionnaire étymologique, il s’agirait plutôt d’un recueil de "secrets de famille" des mots. Quitte à leur rendre leur "honneur perdu"… Ainsi le mot "ignominie" vient du latin qui signifie littéralement "sans nom". Quel meilleur moyen de mettre quelqu’un au ban de la société que de taire son nom ? Les mots de la nature, des sentiments, de la société, du langage, mais aussi certains noms propres, comme Œdipe, sont ici racontés avec gourmandise au travers d’aventures rocambolesques. Aussi incroyable que cela paraisse, "croître" et "végéter" à la Renaissance signifiaient à peu près la même chose. Ce qui, par une pirouette rhétorique dont elle a le secret, fait dire à Sophie Chérer que l’injonction de croissance (économique) dont on nous rebat les oreilles nous mènerait tout droit à la mort ! On n’en finirait pas d’égrener les paradoxes et les surprises. Le mot "couleur" vient de l’indo-européen "kol" qui veut dire "cacher". Un comble pour quelque chose qui saute à l’œil ! "Espiègle" vient d’un héros de roman, un certain Till Eulenspiegel. Et les tranches de viande crue appelées "carpaccio" tireraient leur nom du peintre qui maniait avec talent le rouge brique. Un livre qui rendra amoureux de la langue française tous les collégiens de France et de Navarre. Fabienne Jacob

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