Publiée en juin 2015, l’enquête intitulée Merah, l’itinéraire secret a valu à son auteur Alex Jordanov et à son éditeur Nouveau Monde quatre procédures pour diffamation au tribunal de Toulouse. La première, au civil, a même abouti au retrait temporaire de l’ouvrage à la suite d’une décision particulièrement sévère, totalement renversée en appel. Les autres plaignants, pour certains impliqués dans divers délits, ont choisi la voie pénale, bien plus longue dans le délai de traitement. L’audience n’aura pas lieu avant l’an prochain.
Les différends viennent de la partie de l’enquête détaillant les liens de Mohamed Merah avec le banditisme local à Toulouse. Un garagiste non nommément cité avait engagé la première procédure en juillet 2015. Il s’estimait diffamé par un bref passage évoquant d’anciens associés de son établissement impliqués dans un trafic de cocaïne et proches de l’auteur de sept assassinats, dont ceux de trois enfants d’une école juive, commis en mars 2012 et revendiqués par al-Qaida. Le plaignant demandait 100 000 euros de dommages-intérêts. Il avait obtenu 10 000 euros, une publication judiciaire, le paiement des frais de procédure, avec exécution provisoire, et surtout l’obligation de suppression du passage en question.
Au lieu de pilonner le livre (tiré à 9 000 exemplaires) et de le réimprimer, Yannick Dehée, P-DG de Nouveau Monde éditions, a attendu l’arrêt d’appel rendu en janvier pour le remettre en circulation. La cour a considéré que seuls les ex-associés étaient mis en cause, non le garage et encore moins son gérant. Le délai de pourvoi en cassation est maintenant passé.
Hervé Hugueny