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Régine Hatchondo : « Ce sont les multiples partenaires du CNL qui organisent Partir en Livre »

Régine Hatchondo, présidente du CNL - Photo Olivier Dion

Régine Hatchondo : « Ce sont les multiples partenaires du CNL qui organisent Partir en Livre »

À l'occasion du 10e anniversaire de Partir en Livre, qui se déroule cette année du 18 juin au 20 juillet, et des cinq ans du parc d'attraction littéraire Livrodrome, la présidente du Centre national du livre Régine Hatchondo revient sur l'essence même de la manifestation et de cette édition.

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Par Antoine Masset
Créé le 24.06.2025 à 17h11

Livres Hebdo : Quelle est l’évolution et comment s’organise Partir en Livre ?

Régine Hatchondo : Il y aura environ 6 200 événements, à peu près comme l’an dernier. Sur les quatre ans de Partir en Livre dont nous nous sommes occupés ici au CNL, nous avons multiplié par deux le nombre d’événements, le nombre d’auteurs présents, et la fréquentation. Parmi les initiatives, il y a 200 manifestations soutenues financièrement et labellisées par le CNL. L’engouement provient des structures qui s’emparent de Partir en Livre. Elles savent qu’elles seront soutenues, à travers la communication du CNL pour rendre visible leur initiative, et aussi grâce au relais des ambassadeurs sur les réseaux sociaux.

Ils savent donc qu’ils feront partie d’une manifestation nationale, qui est bien couverte médiatiquement, mais ce sont eux qui font appel aux auteurs, illustrateurs, conteurs. Ce sont eux qui organisent leur événement, souvent des soirées de lecture de contes, des ateliers d’écriture parfois accompagnés musicalement. Beaucoup de bibliothèques pratiquent le « Hors les murs » en sortant dans les jardins à proximité pour installer les enfants dehors. On a généralement une librairie indépendante qui est en place où les jeunes peuvent acheter des livres. Ce sont les multiples partenaires du CNL, au nombre de 2 000, qui organisent Partir en Livre. On les aide également avec des chèques livres.

Avez-vous des objectifs chiffrés à chaque édition ?

On ne se fixe pas d’objectifs. On mesure a posteriori la fréquentation. Elle n’est d’ailleurs pas précise car c’est gratuit, c’est donc difficile à quantifier. On sait quand même a priori la fréquentation moyenne des ateliers, et du Livrodrome. Certains lieux nous font remonter leur expérience et le nombre de personnes qu’ils ont pu attirer et nous sommes à 300 000 spectateurs en tout pour Partir en livre.

« Nous éditons de nouveau un recueil de nouvelles de 10 auteurs jeunesse, à 30 000 exemplaires »

La nouveauté du recueil de nouvelles par 10 auteurs l’an passé sera-t-elle reconduite ?

Nous éditons de nouveau un recueil de nouvelles de 10 auteurs jeunesse, à 30 000 exemplaires, coédité avec Gallimard jeunesse, L'École des loisirs, et Hélium. Cela nous offre la possibilité de faire connaître des auteurs, certains très connus et d’autres moins. Ils sont spécialisés dans la jeunesse pour s’adresser à notre public. Et on peut l’offrir, vu qu’on l’édite. Ça vient compléter les chèques livres, pour 200 000 euros, mais néanmoins, nous avons plus de monde que de chèques livres et de recueils. On souhaite que les enfants repartent sans un petit cadeau avant les grandes vacances, pour leur donner envie de lire pendant l’été. C’est l’occasion de faire parler des auteurs jeunesse sur le thème de l’année, en plus de les faire découvrir aux jeunes.

En parlant du thème, cette année ce sont les animaux. Pourquoi ce choix ?

L’animal est vraiment très présent dans la littérature jeunesse et dans les contes. Il est un lien de tendresse, de douceur, de fidélité et d’amitié quand il est domestique. Lorsqu’il est sauvage, il est l’objet d’inquiétude, de fantasmes, de peur mais aussi de curiosité. L’animal traverse nos vies d’enfants soit dans notre réalité, soit dans notre imaginaire, et surtout dans la littérature.

C’est aussi la 6e édition du Livrodrome, un « laboratoire d’expérimentation culturelle ». Quel est son objectif ?

Le Livrodrome est itinérant, il permet d'aller dans neuf villes sur cette édition, des communes parfois différentes. C’est à la fois une expérimentation culturelle mais c’est aussi un parc d’attractions littéraire qui offre la possibilité aux enfants de découvrir le livre de manière décomplexée en présence des auteurs et avec plusieurs ateliers ludiques. Par jour, 1 500 enfants ou adolescents se réunissent au Livrodrome. On est à chaque fois saisi par le succès que le Livrodrome remporte auprès des enseignants quand on le fait en fin d’année scolaire avec des classes de tous âges, du CP jusqu’à la seconde.

« Le livre et le plaisir de lire sont toujours au cœur de la démarche »

Pendant les grandes vacances, lorsqu’on n’est plus dans le cadre scolaire, on sensibilise les centres de loisirs, les colonies de vacances, les centres d’actions sociales, et les maisons des jeunes et de la culture. On a là beaucoup d’enfants qui souvent ne partent pas en vacances, et peuvent venir s’amuser sur place pendant une journée avec leurs accompagnateurs et leurs médiateurs, ou leurs parents. On sera notamment à Mulhouse, Asnières, au Grand Palais à Paris le 28 juin, à Martigues dans un camping pour la première fois, et en clôture sur le Vieux Port à Marseille comme chaque année depuis quatre ans.

Le Livrodrome comporte quels genres d’attractions ?

Il y a les grands classiques chaque année, la fameuse ordonnance littéraire, un enfant est reçu dans une petite cabane par un auteur pour lui demander ce qu’il aime, ce dont il a peur ou de quoi il rêve et cauchemarde. En fonction des réponses, l’auteur peut prescrire une ordonnance littéraire. Il y a aussi fréquemment des lectures à voix haute, des ateliers de dessins avec des illustrateurs de BD, il y a la possibilité de s’installer dans des grands coussins avec un casque pour écouter de la mise en lecture de textes autour des animaux. Cette année, certains enfants se mettent à la place du libraire et doivent présenter à leurs camarades un livre qu’ils ont aimé, afin qu’ils l’achètent. Une sorte de très brève formation au métier de libraire, dans un but de transmission. Il y a aussi toujours beaucoup de jeux autour des mots, de la manière de dessiner les animaux et les détourer, comme sur l’affiche de Julie Colombet pour Partir en livre. C’est très varié et pas toujours les mêmes activités mais le livre et le plaisir de lire sont toujours au cœur de la démarche.

Y a-t-il des attractions qui pourraient être développées à grande échelle au sein du Livrodrome ?

Oui, d’ailleurs je me souviens de l’an dernier à Marseille, où certaines bibliothécaires nous confiaient : « Je vais reprendre cette activité, je peux la faire tout au long de l’année quand il fait beau. » Je pense que ça donne des idées à tous ceux qui y assistent. Comme c’est toujours assez original, et souvent renouvelé, elles sont sources d’inspiration pour mener des actions autour du livre. C’est aussi l’objectif de son créateur Gauthier Morax, qui se rapproche de certaines collectivités qui lui en font la demande, pour qu’ensuite il intervienne tout au long de l’année sur certains ateliers afin de les reproduire, dont notamment l’ordonnance littéraire.

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