Carnet de santé. L'histoire de la médecine, c'est d'abord celle du corps. Du corps souffrant qu'il faut soulager et dont il faut aussi prendre soin, comme le rappelle la mythologie grecque. Parmi ses nombreux enfants, Asclépios, dieu de la santé et de la médecine, eut deux filles : Hygie, déesse de l'hygiène et de la prévention, et Panacée, déesse du remède universel par les plantes. D'ailleurs, la nature fournit souvent les traitements. Ainsi, un hypertenseur a été mis au point par un pharmacologiste brésilien dans les années 1960 à partir du venin d'une vipère sud-américaine. On peut raconter l'histoire de la médecine comme une fresque solennelle jalonnée de grandes découvertes et de figures illustres. Mais derrière les dates et les dogmes, il y a la petite histoire, ces expérimentations improbables, ces guérisons miraculeuses, ces remèdes absurdes et ces coups de génies inattendus.
Pour notre plus grand plaisir, Raphaël Camus a choisi la seconde voie. Diplômé de la faculté de médecine d'Amiens et passionné d'histoire, il exerce comme médecin généraliste dans l'Oise. Dans ce livre, il déploie sa passion pour son métier, pour sa chronologie et ses péripéties. Ces récits, parfois drôles, parfois tragiques, toujours humains, dessinent une autre version du chemin parcouru pour comprendre le corps et ses mystères.
Car la médecine, avant d'être une discipline, a longtemps été un art de l'improvisation, de l'instinct et, parfois, de la pure chance. Elle s'est inventée dans la douleur, dans le doute, dans la peur, sur les champs de bataille, dans les salons royaux, les laboratoires mal éclairés, les cuisines d'apothicaire et les villes dévastées par les épidémies. Surtout, elle s'est écrite à hauteur d'homme ou de femme, souvent bien avant que les manuels ne s'en emparent.
Hippocrate, qui au ve et au ive siècle av. J.-C. rationalise la pratique médicale, popularise la théorie des « humeurs » formées par le sang, la lymphe et la bile − d'où les expressions « être de bonne humeur » ou « se faire de la bile ». Cette théorie aura ses adeptes jusqu'aux médecins de Molière. Durant la Renaissance, le mercure ou vif-argent est employé pour confectionner les chapeaux en feutre. De nombreux chapeliers exposés à ce neurotoxique éprouvent des hallucinations et des difficultés à s'exprimer. On dit qu'ils « travaillent du chapeau ».
S'il faut souvent se méfier des dix, cinquante ou cent choses pour traiter un thème en raison de leurs approches réductrices, ici rien de cela. Nous sommes bien au-delà du principe de la numérotation. D'ailleurs, en la supprimant, on obtient de vrais bons chapitres sur l'histoire de la médecine, dûment sourcés, bien menés et pour tout dire passionnants. Ce n'est donc pas par le petit bout de lorgnette qu'est abordée cette dernière. Et quand bien même, la chanson ne dit-elle pas qu'on y voit bien mieux que par le gros bout...
50 anecdotes sur l'histoire de la médecine
Perrin
Tirage: 2 000 ex.
Prix: 21 € ; 352 p.
ISBN: 9782262107758