L'année dernière, Jean-Philippe Blondel publiait deux livres remarqués chez Buchet-Chastel. Un récit sur son expérience de professeur d'anglais en province, G229, et un roman autobiographique, Et rester vivant. Le revoici avec une nouvelle fiction incarnée où il confronte un homme et une femme aux destinées différentes. Un lundi matin tôt, à la gare de Troyes avec sa verrière, ils sont deux à attendre le TER de 6 h 41.
Cécile Duffaut, 47 ans, est une belle femme qui a été secrétaire dans un bureau d'analyste financier avant de créer avec succès sa boîte de produits bio. Cécile, qui "détermine", "embauche" et habite une grande maison de banlieue avec jardin, vient de passer le week-end seule chez ses parents. Son mari, Luc, bientôt 50 ans et encore "élancé, sec, noueux presque", n'a pas voulu l'accompagner. Leur fille Valentine non plus, il faut dire qu'elle est amoureuse et a mieux à faire.
L'autre protagoniste de Jean-Philippe Blondel se nomme Philippe Leduc. Père de deux jeunes adultes qu'il voit peu, il est divorcé depuis dix ans de Christine, une enseignante qui a fini par retrouver son premier amour. Employé depuis deux décennies dans le même supermarché, il présente une nette tendance à la calvitie, une bedaine de buveur de bière, une "mollesse générale dénotant une absence totale d'exercice physique". Le voici décidé à se faire porter pâle auprès de la secrétaire en prétextant une urgence familiale.
Cécile et Philippe ne se sont pas parlé depuis vingt-six ou vingt-sept ans. Ils se connaissent, sont même sortis ensemble quelques mois à l'époque de la fac, mais leur histoire a vite tourné au vinaigre. Qu'il est loin le jeune homme qui avait d'abord plu à Cécile avant qu'il ne se comporte mal avec elle lors d'un séjour à Londres... Jean-Philippe Blondel nous fait entrer dans la tête de ses personnages, partager leurs réflexions, leurs interrogations, leur existence. Son écriture nerveuse et son sens de la psychologie font mouche.