Amazon a fustigé, jeudi 3 octobre, une mesure discriminatoire et nuisible au pouvoir d'achat après l'adoption par les députés d'une proposition de loi interdisant aux opérateurs en ligne de cumuler la gratuité des frais de port du livre et la remise autorisée de 5%. "Toute mesure visant à augmenter le prix du livre pénaliserait d'abord le pouvoir d'achat des Français et créerait une discrimination pour le consommateur sur internet", a réagi le géant américain du commerce en ligne, dans une déclaration à l'AFP.
Selon le groupe, la proposition de loi adoptée – fait rare – à l'unanimité de l'Assemblée nationale "risque également de ne pas être neutre sur la diversité culturelle", en pesant notamment sur les maisons d'édition de moindre envergure. "Son impact sera le plus important à la fois sur le fond de catalogue et pour les petits éditeurs, pour qui internet peut représenter une large part de leur activité", a estimé Amazon.
La loi Lang, "patrimoine national"
Les députés de droite et de gauche ont dénoncé de concert les pratiques de "dumping" d'Amazon, qui "détourne" l'esprit de la loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre, érigé en "patrimoine national" par le rapporteur UMP de la proposition de loi, Christian Kert. Le texte, qui doit encore être adopté au Sénat, insère dans la loi Lang un alinéa stipulant que dans le cas d'un livre expédié à l'acheteur, le vendeur ne peut cumuler à la fois le rabais autorisé et la gratuité des frais de port.
Ces frais de port gratuits proposés par Amazon, qui détient 70% du marché de la vente en ligne, sont en effet jugés comme de la concurrence déloyale par les librairies traditionnelles, souvent en mauvaise situation financière.