Le 30 octobre, un collectif de plus de 250 éditeurs, écrivains et libraires, comptant dans ses rangs Antoine Gallimard, Arnaud Nourry, Françoise Nyssen, Francis Eesménard, Odile Jacob, Michelle Benbunan, Guillaume Allary, Manuel Carcassonne, Olivier Nora.,Enki Bilal, Karine Tuil, Jean Teulé, ou encore Patrick Modiano, réclament la réouverture des librairies. Il rappelle dans une tribune publiée dans Le Monde que le livre n’est "pas un produit comme les autres" et qu’il faut, en conséquence le considérer comme "un bien qui doit être défendu par la nation, en toutes circonstances et en tous lieux."
Sur France Culture, Antoine Gallimard avait déjà pu affirmer son opinion sur le sujet: "La France est un pays de littérature, un pays de librairie. On a la chance d'avoir plus de 3 500 librairies très actives et je serais vraiment désolé à l'idée que les librairies puissent souffrir. Je pense que la librairie, c'est vraiment un lieu privilégié. Bien sûr, il y a le click and collect. Bien sûr, il y a des grandes maisons de distribution qui sont là, mais ce n'est pas du tout la même chose. Il y a ce lien vital entre le livre, les libraires et les lecteurs."
Pour Franck Bondoux, Délégué Général du festival d'Angoulême, le constat est le même : fermer les librairies revient à "affirmer [...] que le livre n’est pas essentiel à l’existence telle que notre société la conçoit". Il précise également la menace que peut représenter cette fermeture pour l'écosystème du livre : "En contraignant les libraires à la fermeture, c’est tout l'écosystème qui unit ses acteurs qui se délite, entraînant un basculement général vers l’incertitude. L’incertitude sur la capacité que celui-ci aura de se maintenir".
Une fermeture qui va au delà de l’impact économique pour l’enseigne Cultura qui pointe, à travers un manifeste publié dans la presse nationale le rôle social des librairies : "En fermant les librairies, pourtant prêtes à garantir toutes les conditions sanitaires, on ajoute au risque du virus, celui bien plus sournois, du désespoir." Le réseau est aussi membre du Syndicat des Distributeurs de Loisirs Culturels (SDLC) qui souligne dans un communiqué à part: "Nous sommes néanmoins conscients que le grand gagnant reste Amazon et nous appelons vos services à largement communiquer que l’immense majorité des libraires, ainsi que Cultura, Le Furet et Decitre offrent la vente en ligne et des conditions facilitées de clic and collect."
La Charte appelle aussi à soutenir la librairie "si celle-ci met en place le click and collect". "Cette pratique permet à la fois de maintenir une activité indispensable à la vie culturelle tout en protégeant la santé des libraires et de leurs clients. L'utilisation des sites de librairies en ligne autres que ceux des multinationales est aussi préconisée" rappelle l'association d'auteurs jeunesse.
François Busnel, au micro de Franceinfo, a précisé que cette fermeture des librairies, c'était "tout un pan de l'économie culturelle, sans doute à vaciller, pour certains à disparaître". "Vous faites un cadeau énorme à une entreprise qui commence par Ama et finit par Zon, dont on connaît les pratiques fiscales», dit-il en s'adressant au gouvernement. "Les librairies, c'est le seul endroit peut-être où vous pouvez faire disparaître, avec les bibliothèques, toute théorie du complot, juge-t-il. Parce que vous avez des livres qui racontent des histoires, qui expliquent que les choses ne sont pas noires ou blanches, et que contre un livre unique, quel qu'il soit, il y a les livres" rappelle-t-il en ces temps troublés.
Sur Europe 1, l'ancien président de la République François Hollande faisait le même constat et la même analyse. La librairie, "c'est un lieu où les règles sanitaires peuvent être parfaitement respectées. Mais c'est un lieu où les familles peuvent se rendre, où on a envie de liberté. Quand on n'a plus la liberté de circuler, on doit avoir au moins la liberté de penser, de lire. Ça fait partie de notre patrimoine."