Comme pour sa passion pour la littérature américaine, Olivier Cohen, fondateur des éditions de l’Olivier, se lance dans les essais avec "Les feux". "On renoue avec la tradition de l’essai, avec celle de l’ouvrage de réflexion et d’analyse, y compris la plus personnelle. Une collection comme celle-là doit refléter et analyser l’air du temps avec des livres qui répondent aux préoccupations de notre époque. Cela correspond aussi à mon désir de participer au débat public", confie Olivier Cohen, qui avoue avoir acheté certains titres avant même de penser à créer une collection.
"Cela a du sens pour la maison dont le catalogue est consacré à la fiction depuis vingt-cinq ans", ajoute-t-il, rappelant que "Penser, rêver", dirigée par le psychanalyste Michel Gribinski, a été arrêtée quand celui-ci a remplacé J.-B. Pontalis chez Gallimard. Olivier Cohen a nommé sa collection en hommage à l’un des livres de Raymond Carver, auteur emblématique de la maison, et la souhaite ouverte à toutes les formes : essais, récits personnels, mémoires, prises de position, manifestes, etc., excluant les livres universitaires ou les titres signés par des hommes politiques. Cinq titres sont prévus chaque année, sous une couverture de couleur, unie. Ces hommes qui m’expliquent la vie, qui inaugure "Les feux" le 1er mars, est un recueil d’articles de la féministe américaine Rebecca Solnit, qui démonte "le discours condescendant utilisé par les hommes lorsqu’ils expliquent aux femmes des choses qu’elles savent déjà", en pleine affaire Weinstein. Raconte-moi la fin (5 avril) est signé par une auteure maison, Valeria Luiselli, remarquée à la rentrée littéraire 2017 avec L’histoire de mes dents et dont L’Olivier publiera en 2019 le prochain roman. Elle y raconte son expérience d’interprète pour la commission chargée de filtrer les mineurs entrés illégalement sur le sol américain. Tandis que Lettres éditoriales de Roberto Bazlen (3 mai) constitue une curiosité : préfacé par Roberto Calasso, il rassemble les rapports de lecture que l’écrivain et critique italien rédigeait pour Einaudi et Bompiani, "un genre que le public ne connaît pas, au style parfois brutal", faisant défiler tous les grands noms de la littérature européenne. A la rentrée, Olivier Cohen annonce un texte sur l’anxiété de l’Américaine Melissa Broder, So sad today. En attendant les auteurs français en 2019.
Claude Combet