NOMADE
Pour la romancière née en Camargue, les caravanes ont toujours fait partie du décor. Ces habitations ambulantes allaient et venaient au gré des saisons. La roulotte, c'est l'emblème de la bohème, le contraire d'une sédentarité qui vous cloue au conformisme des attitudes et des idées. Partageant son temps entre Paris où elle travaille et Marseille où elle vient de s'installer, Pauline Clavière passe une grande partie de sa vie dans les trains. « Grâce à eux, je peux vivre toutes les vies que je veux, aimer et habiter des lieux très différents. »
HASARD
Par rencontre, Pauline, qui se destinait à une carrière dans les relations internationales, s'est retrouvée journaliste et chroniqueuse culture. Si le hasard fait bien les choses, le dé ne sort pas toujours forcément le bon chiffre. Aussi pour déjouer le mauvais œil, elle met dans sa poche, chaque fois qu'elle part en voyage, un nazar boncuk, la traditionnelle amulette turque. Armée de ce gri-gri, elle demeure joueuse : « Je me sens hasardeuse en tout, j'aime l'idée même du hasard, son sens insaisissable. Pour certains il est Dieu, pour d'autres un mécanisme non expliqué, pour moi il est la vie, la possibilité même. J'aime me hasarder, garder du temps pour rien, a priori... »
CHRISTOPHE
La voix du chanteur des Mots bleus l'« émeut au-delà de tout ». Christophe, elle l'écoute « comme une messe, un chant sacré, quelque chose qui vous emporte en un lieu insoupçonné et vous fait rêver, encore et encore. » Mais Christophe, outre le timbre ou la tessiture, c'est l'allure, une façon d'être, une esthétique. De cette silhouette aux lunettes sombres et cheveux en bataille, il se dégage selon la fan, « quelque chose de sauvage si poétiquement domestiqué ». Le titre de son roman est du reste une manière d'hommage à la chanson Les paradis perdus du dandy «gitanesque ».
CALANQUES
La jeune femme, qui garde un souvenir émerveillé de son enfance en Camargue, a choisi de retrouver la Méditerranée en vivant dans la cité phocéenne, près des calanques, qui sont, pour elle, « un rêve éveillé ». Elle reconnaît d'avoir la chance de pouvoir y évoluer de temps en temps, sur un petit Zodiac. « J'en aime passionnément la moindre roche, les odeurs saturées de chaleur et la lumière. La lumière... Comme mon ami l'écrivain René Frégni, je m'imagine un jour habiter un petit cabanon au bout de ce monde-là. »
SILENCE
Pas d'écriture s'il y a du bruit. Sa quête du silence est perpétuelle et se matérialise en ces boules Quies grâce auxquelles elle se bouche les oreilles, pour « être totalement hermétique au monde qui [l]'entoure, même en plein Paris. » Car c'est seulement lorsque le monde s'est tu autour d'elle qu'elle se sent à même d'y prêter attention, « plus libre de le regarder, de le raconter aussi ». Le silence est au centre de toute histoire, il suffit de « lui laisser reprendre ses droits ».
Les paradis gagnés
Grasset
Tirage: 4 500 ex.
Prix: 22 € ; 624 p.
ISBN: 9782246825708