Après l'éditeur Random House et le libraire Waterstone, c'est au tour de la guilde des auteurs américains, qui regroupe 8000 écrivains, de s'exprimer sur l'«affaire Wylie», déjà évoquée dans un
précédent article.
Dans un
communiqué envoyé à des auteurs et repris le 27 juillet par le magazine professionnel
The Bookseller, l'association se félicite du lancement d'Odyssey Editions, qui contournera la chaîne traditionnelle de l'édition en convertissant au format numérique certaines oeuvres majeures des principaux clients de Wylie, qui seront ensuite disponibles exclusivement sur le Kindle d'Amazon, pour une durée de deux ans. Alors que Random House accusait récemment Wylie de concurrence déloyale, la guilde des auteurs estime que les éditeurs, en refusant d'élever le taux de rémunération des auteurs dont les oeuvres sont diffusées au format numérique, sont les vrais responsables de cette crise.
« Les éditeurs finiront nécessairement par accorder un taux raisonnable de royalties, plutôt que de voir leurs auteurs les mieux vendus rejoindre des concurrents plus généreux ou des start-ups
. Selon nous, les éditeurs en sont parfaitement conscients et repoussent l'inévitable », peut-on lire dans le communiqué.
Un montage étrange et une exclusivité dérangeanteLa guilde des auteurs reconnaît toutefois l'étrangeté du montage opéré par Wylie :
« Le fait qu'une grande agence lance une maison d'édition est étrange à tout point de vue. Cette bizarrerie, cependant, est appelée à se multiplier tant que les auteurs ne reçoivent pas leur juste part dans l'édition numérique ». Enfin, le choix par Odyssey Editions de diffuser ses ouvrages exclusivement sur le Kindle d'Amazon est jugé
« préoccupant » par l'association.
Un choix qui provoque également la colère de certains libraires indépendants. Ainsi, le gérant de la librairie Square Books à Oxford (Michigan) a rassemblé dans une vitrine les ouvrages signés par des auteurs de l'agence Wylie, surmontés du panneau
«ces livres ne sont pas à vendre»...
Le président du conseil d'administration de Penguin, John Makinson, se montre quant à lui plus mesuré que bon nombre de ses confrères. Dans une intervention reprise par Publishers Weekly dans son édition du 26 juillet, il observe que les livres litigieux figurant dans la liste d'Odyssey (des livres de fonds pour lesquels il est difficile de savoir à qui revient les droits de publication numérique) ne représentent
« qu'un très faible pourcentage » des revenus de Penguin. En contraste avec l'attitude adoptée par Random House, qui se refuse à signer tout contrat avec l'un des 700 auteurs de l'agence Wylie tant qu'un terrain d'accord n'est pas trouvé, Penguin préfère se montrer diplomate :
« Nous continuerons à traiter avec l'agence Wylie et à discuter avec nos auteurs de ce qui est meilleur pour eux », a ajouté Makinson.