L’avenir semble sourire à Nabook, start-up à l’origine d’une application de lecture pour les 8-14 ans. Un an et demi après son lancement, elle vient de réunir 600 000 euros grâce à une levée de fonds menée par le fonds d’investissement canadien Loyal VC et un pool international d’entrepreneurs. En parallèle, sont revendiqués des temps d’usage par abonné avoisinant les 13 heures de lectures mensuelles. Pour Károly Fogarassy, à la tête de Nabook, les affaires n’ont jamais été aussi bonnes – de quoi permettre à l’équipe, qui frôle aujourd’hui la dizaine de collaborateurs, de penser à la suite.
Avant, ils n’étaient que trois : Károly Fogarassy, Lucas Miallet et Maxime Moru. Anciens Alternants à l’IMT-BS, leur rapport au livre est ambivalent. Tandis que le premier ne lit que de la non-fiction ponctuellement, le second dévore les livres et le troisième a décroché à l’adolescence. Trois types de lecteurs différents donc, mais piqués des mêmes aspirations entrepreneuriales, qui trouveront la manière de se concrétiser après un dîner de noël aux débats houleux. “Une cousine disait qu’elle n’arrivait pas à mettre son fils à la lecture, et le sujet a été repris à l’unanimité autour de la table, les gens étaient partagés entre l’incompréhension et la colère“ explique Károly Fogarassy, pour qui la lecture est un “levier d’épanouissement personnel et un passeport de réussite“. D’où l’intérêt de la re-configurer pour séduire le jeune public biberonné au numérique – et au passage, de dépoussiérer le livre, lui donner les armes pour s’adapter à la modernité. Pour Károly Fogarassy, “C’est une question de darwinisme social“.
"Réconcilier le jeune public avec la lecture"
Pour poser les bases de ce que deviendra Nabook, le trio choisit de s’entourer de divers acteurs de l’édition… Mais aussi de spécialistes de l’enfance, comme des psychologues et pédopsychiatres. Le résultat, c’est une application sur abonnement qui propose d’adapter des textes préexistants pour les mettre au pas des mécanismes de consommation actuels, qui évoquent les jeux vidéo, Tik Tok et Instagram. Divisées en collection, les chapitres des histoires diffusées se divisent en unités plus courtes que des chapitres, dont le temps de lecture varie de trois à cinq minutes. Les dialogues prennent la forme de bulles de messagerie, et un lexique est incorporé dans le texte.
Mais la start-up ne compte pas se cantonner à la fiction, et cherche du côté des contenus pédagogiques et documentaires pour s’adresser aux adolescents. Actuellement, des expérimentations s’effectuent en interne pour retravailler certaines licences (jeux vidéo, dessins animés, web-séries…) bien connues de leur lectorat. “On essaie d’aller chercher des personnages que les jeunes connaissent déjà, qui peuvent incarner des prescripteurs de lecture“. Un processus de féminisation du contenu est également en cours.
Pour affiner leur développement, Nabook a accueilli dans ses rangs une collaboratrice spécialisée dans les partenariats avec les collectivités territoriales – la start-up en cumule déjà près de quinze avec les maisons d’édition (parmi lesquelles on peut citer Mediawan, ou encore Gulf Stream). La rentrée de septembre a également été marquée par l’arrivée de Lisa Revai, ancienne assistante éditoriale de Gallimard Jeunesse, qui rejoint l’aventure en tant que responsable des partenariats éditoriaux.