Sa devise « Ordem e progresso » (ordre et progrès) s’inspire du positivisme du philosophe Auguste Comte. Dans ses symboles comme dans son histoire, le Brésil entretient de longue date un lien privilégié avec la France, même s’il se détourne peu à peu de sa langue. Longtemps chouchou de l’élite brésilienne, le français est aujourd’hui concurrencée par l’anglais et l’espagnol, dont l’enseignement est obligatoire dans les écoles depuis 2005. Mais avec 570 000 francophones, une communauté française estimée à 25 000 résidents, et 300 000 apprenants du français, « la francophilie reste vivace », assure Marion Loire, du Bureau du livre à Rio. Le Brésil est d’ailleurs le deuxième client des éditeurs français en Amérique latine. Sur la période 2005-2010, les exportations de livres français vers ce grand pays lusophone ont crû de + 61,5 %. L’an dernier, selon les statistiques douanières retraitées par la Centrale de l’édition, les exportations françaises au Brésil ont reculé de - 7,2 %, mais, en moyenne lissée sur trois ans, la progression s’inscrit toujours à + 4,3 % (voir graphiques p. 68).
La perspective de la Coupe du monde de football, l’an prochain au Brésil, et des jeux Olympiques en 2016 à Rio de Janeiro devrait encore stimuler les ventes, selon les libraires, qui constatent une demande croissante d’apprentissage en langues étrangères. Dans les principales mégapoles du pays, les grandes librairies proposent des ouvrages en français dans les domaines littéraires ou artistiques, en sciences humaines et sociales ainsi qu’en jeunesse. Deux librairies sont même spécialisées : la Livraria francesa à São Paulo, et Leonardo da Vinci à Rio de Janeiro. La première, fondée en 1947 et dirigée par Sylvia Monteil, dispose de deux points de vente, avec plus de 100 000 titres en français. Elle importe en majorité des livres scolaires et des méthodes de FLE. Liée au milieu intellectuel carioca, la librairie Leonardo da Vinci, gérée par Milena Duchiade, est quant à elle la tanière francophone des penseurs brésiliens et étrangers depuis sa création, en 1952. <