A la lecture des premières pages, on pense d'abord être parti pour détester le nouveau roman de Jean-Marc Parisis, tant l'auteur des Aimants (Stock 2009, repris en J'ai lu) fait malicieusement tout pour. Dans La recherche de la couleur, Jean-Marc Parisis a manifestement choisi de s'amuser avec l'autodérision et le burlesque, d'en rajouter gaiement dans la provocation. Surnommé "Mister Love", son héros se nomme François Novel. Il s'agit pourtant là d'un prosateur qui n'a jamais donné dans le roman d'amour. Novel planche actuellement sur un essai autour des romantiques allemands, quand il ne fréquente pas les soirées parisiennes. Très actif, il pond un livre par an, "à l'instinct, sans vaseline", tout en sachant parfaitement qu'il n'est pas un grand écrivain.
Monsieur est marié depuis quinze ans avec Marianne. Une blonde à forte poitrine qui a mis son talent au service de l'industrie pharmaceutique. Invité à un salon littéraire en province, le voici qui doit débattre avec une romancière ayant publié une "pochade intitulée Touche pas à mon clito » ! L'occasion pour lui de se faire de nouveaux ennemis. De croiser une certaine Deborah Klein, qui lit La duchesse de Langeais et apprécie les décadents fin de siècle. Ou encore d'écouter Edith Star, chanteuse hystérique qui ment sur son âge. Car la grande affaire de Novel, ce sont bien les femmes vers lesquelles il ne peut s'empêcher d'aller. Sauf que le pauvre semble avoir sombré dans un moment de "déprise" et qu'il peine à retrouver sa belle vigueur sexuelle d'antan.
Chemin faisant, Jean-Marc Parisis affine son personnage au verbe haut. Un type né à Versailles, plus attachant qu'il n'y paraît. Un homme qui aime le whisky et l'eau, mais pas le vin ; Baudelaire, Natalie Wood, Patrick Dewaere et les westerns. Très doué pour restituer les déambulations de Novel dans les rues de Paris et pour délivrer une série de portraits mouchetés, Parisis retourne le lecteur et emporte largement l'adhésion.