Boulevard de la mort. Maman, papa et les trois filles : tout le monde dans la Volvo, et en route pour les vacances ! Alors que le trajet commence à se faire longuet, la voiture traverse un tunnel. Puis, plus de panneau, plus de réseau, et des bolides qui viennent harceler le break familial. Surtout, aucune possibilité de quitter l'autoroute... Michaël Sanlaville est sans doute l'auteur le plus sous-coté de la bande de Lastman, derrière le chef d'orchestre Vivès et l'habile metteur en scène Balak. Pourtant, c'est un dessinateur extrêmement talentueux, aussi fort pour camper des personnages que pour découper des séquences au cordeau. Après ses adaptations de San-Antonio et sa chouette série pour ados Banana Sioule, le voilà qui s'offre un petit bonbon de série B, un inattendu « conte mécanique » comme l'indique son sous-titre. N'espérez pas d'explications à ce scénario foutraque dédié à l'action, ni un portrait fouillé des protagonistes : on pourra y lire la métaphore motorisée du passage de l'adolescence, mais ce n'est pas là le cœur du projet. Michaël Sanlaville propose avant tout un brillant exercice de style autour d'une figure imposée qui tétanise nombre de dessinateurs : les scènes de voiture, dans l'habitacle - épuisant huis clos, magistral de maîtrise - comme sur l'asphalte, où réussir à insuffler puissance et vitesse reste un défi. Défi parfaitement relevé pour un one-shot ébouriffant, véritable page-turner qui prend le temps de poser un décor banal avant de tout envoyer valser dans un rugissement de V10. Grisant.
Tunnels
Glénat
Tirage: 9 000 ex.
Prix: 24 € ; 168 p.
ISBN: 9782344066539
