« Les grands écrivains sont de mauvais parleurs » assure l'éditeur et essayiste Arthur Krystal, dans son dernier ouvrage ( Except when I write , chez Oxford University Press) dont rendait compte le New York Times ce week-end. Et de citer, pour appuyer ses dires, le grand critique littéraire anglais, William Hazlitt, qui écrivait déjà, au début du 19è siècle, dans son essai sur « La conversation des auteurs », que les armes de l'écrivain - « la lecture, l'étude, le silence » - ne se « prêtaient guère à la loquacité ». De fait, Proust n'était pas réputé pour briller dans les salons qu'il fréquentait. Et quand on se souvient des balbutiements empêtrés de Modiano chez Pivot, on ne peut que souscrire à l'analyse. Mais comme toute règle a ses exceptions, Arthur Krystal en cite au moins deux : Martin Amis et Ian McEwan. Et de préciser, avec perfidie : « La qualité de leur conversation fait jeu égal avec la qualité de leurs écrits, mais il faut dire que leurs romans ne laissent pas présager d'un Tolstoï ni d'un Proust ». En 2008, interviewé par Harper's Magazine , le même Arthur Krystal expliquait pourquoi il était devenu critique et essayiste littéraire : « C'est être comme un acteur qui s'abrite derrière un rôle. Je ne souhaite pas écrire sur ma vie (...), mais je peux ainsi traiter de sujets qui révèlent ma sensibilité sans que j'aie à dévoiler des faits personnels. (...) Et puis, cela me procure également le plaisir de trouver des formules, des sentences, qui ne me viendraient sans doute pas à l'esprit si je n'étais pas obligé d'écrire. Ceux qui pratiquent l'écriture me comprendront. » *** Ceux qui copient le comprendront aussi. Plagier c'est voler. Contrairement à ce qu'affirmait Pierre Assouline, dans le Monde (à la grande stupéfaction de ses lecteurs), il y a bien une affaire Macé-Scaron. Les révélations en cascade de l'Express et d'autres journaux (et ce n'est sans doute pas terminé) montrent qu'on est là face à un système, appliqué, et c'est le plus atterrant, jusque dans les articles ou critiques littéraires que signe ce monsieur. On voit mal maintenant comment le Magazine Littéraire pourrait continuer d'entretenir un collaborateur qui déshonore le souvenir de Jean-Jacques Brochier. Quand au « Grand Journal » de Canal+, où officie également JMS, il a une réputation de leadership à défendre... *** Voilà un libraire qui ne connaît pas la crise ! Le Los Angeles Times (article repris dans Courrier International ) nous apprend que Paul Winer s'est installé comme libraire, au début des années 1990, à Quartzsite, une ville d'Arizona envahie l'hiver, quand la température devient supportable, par une population très hétéroclite : retraités en camping-car, néo hippies, communautés new age... Au début, Paul Winer ne vendait que quelques livres sous une tente. Vingt ans plus tard, sa librairie aligne 180 000 titres. Mais comme elle n'est constituée que de bâches en plastique fixées sur des supports en bois, elle est assimilée à une construction de plein air. Paul Winer ne paie donc pas de taxes. Malin, même si pour l'esthétique, on repassera. Mais surtout, Paul Winer a trouvé un truc pour attirer le chaland : il travaille à poil - excepté un minuscule carré de tissu attaché à une ficelle, à peine un string ! Chaque année, des milliers de gens viennent photographier « le libraire nu », et sur la quantité, un certain nombre repartent avec au moins un bouquin. Bon, Paul Winer n'est pas exactement un Chippendale, il a quand même 67 ans aujourd'hui. Pour l'esthétique, là encore, on repassera. En revanche, il ne serait pas forcément désagréable de voir quelques représentants de la nouvelle génération de libraires français enlever le haut et le bas. Et puis, ça doperait peut-être les abonnements à Livres Hebdo ... Faut bien vivre... *** Créé en 1924, le concours des Meilleurs Ouvriers de France distingue tous les ans les meilleurs travailleurs dans leur catégorie respective. Qui n'a pas déjà fréquenté un boulanger ou un pâtissier sacré « MOF » ? Mais au-delà des métiers de bouche, ce concours récompense aussi les professions les plus diverses, comme les luthiers, les coiffeurs ou même les sténo-dactylos ! Cette année, le MOF s'est ouvert aux nouvelles technologies en décidant de récompenser également des professionnels du web. Les premiers à avoir décroché la timbale sont les sept employés d'une agence web du Jura, Les Ateliers d'Apicius, qui ont conçu le site du restaurant étoilé de Bernard Loiseau. A mon avis, ce n'est pas encore demain qu'un site d'éditeur se verra décerner le label bleu-blanc-rouge du MOF...