Phénomène : les putes voilées, héroïnes au destin tragique

Le titre du nouveau roman de Chahdortt Djavann, l’auteure de Big Daddy, retentit comme un cri. Dans Les putes voilées n’iront jamais au Paradis !, à la fois très politique et très cru, l’auteure iranienne raconte l’assassinat de prostituées en Iran. S’inscrivant dans le débat relancé sur le voile, elle a défendu le livre au "Grand journal" de Canal+ comme sur Europe 1, France Info et France Inter en s’appuyant sur la légitimité de sa parole - elle a refusé de porter le tchador à 13 ans et a été emprisonnée pour cela. Grasset, qui l’avait tiré au départ à 9 000 exemplaires, l’a réimprimé et il atteint un tirage de 19 000.

Mêlant réalité et fiction (pour se protéger ?), l’auteure s’est fixé pour objectif de donner la parole à ces prostituées, "vivantes, mutines, insolentes, séduisantes […]. Foutrement irrespectueuses. Politiquement incorrectes. Iconoclastes. Héroïnes au destin tragique." Elle montre comment les rêves des Iraniennes viennent s’échouer dans un bordel, comme pour Soudabeh, violée quelques heures après s’être enfuie de chez elle. Il n’y a pas d’échappatoire dans une société où les femmes ne sont pas considérées comme des êtres humains par des hommes frustrés, violeurs, polygames, drogués, et dont la religion absout tous les crimes.

Claude Combet