Phénomène : le petit peuple de Paris

Dans un palmarès des meilleures ventes de beaux livres où fleurissent les catalogues d’expositions, se distingue Les chiffonniers de Paris d’Antoine Compagnon, un ouvrage illustré à 32 euros dans la très sérieuse "Bibliothèque illlustrée des histoires". Gallimard l’a publié le 12 octobre avec un premier tirage de 4 000 exemplaires et l’a déjà réimprimé à 4 000.

Avec ses lectures d’été sur France Inter (Un été avec Montaigne et Un été avec Baudelaire, coédités par France Inter et Les Equateurs), le professeur au Collège de France s’est assuré un lectorat fidèle. Mais avec cet ouvrage très érudit et illustré de gravures de Daumier, de photos de Charles Nègre et d’Eugène Atget, il touche autant les passionnés d’histoire que les amoureux de la capitale.

Baudelaire et ses poèmes - Le vin des chiffonniers et "[leur] fantasque escrime" - ont été le fil conducteur de ce livre, qui fait revivre les "biffins", hotte sur le dos et "croc" en main, les prostituées et le petit peuple de Paris. Antoine Compagnon fait œuvre littéraire autant que travail d’historien. A travers ces figures emblématiques se dessine, sur fond de pénurie de papier - on recyclait les chiffons pour le fabriquer -, une vaste fresque du XIXe siècle, son économie, ses principes hygiénistes, ses classes sociales, et surtout le portrait d’une ville moderne. Claude Combet