Maurice Herzog est mort

Maurice Herzog

Maurice Herzog est mort

La fille de l'alpiniste, Félicité Herzog, avait publié en septembre un texte très remarqué dans lequel elle déboulonnait la statue de son père: Un héros (Grasset).

Par Catherine Andreucci
avec ca, avec afp Créé le 15.04.2015 à 21h00

L'alpiniste et ancien homme politique Maurice Herzog est mort jeudi 13 décembre à l'âge de 93 ans.
Il était devenu célèbre en 1950 lorsque, avec Louis Lachenal, Gaston Rebuffat et Lionel Terray, il avait gravi, pour la première fois dans l'histoire, un sommet culminant à plus de 8000 mètres, l'Annapurna. Un exploit qui s'était soldé par la perte de plusieurs doigts et orteils gelés.

Ce gaulliste devient un héros dans la France d'après-guerre. Il est nommé Haut commissaire à la jeunesse et aux sports en 1958 puis secrétaire d'Etat à la jeunesse et aux sports en 1963. Député de Haute-Savoie, il sera maire de Chamonix de 1968 à 1977. Il a également dirigé plusieurs entreprises, dont Kléber-Colombes ou la Société du tunnel sous le Mont-Blanc. Depuis 1995, il était membre honoraire du Comité international olympique.

Maurice Herzog est l'auteur de plusieurs ouvrages dont le best-seller Annapurna premier 8000, vendu à une douzaine de millions d'exemplaires dans le monde et réédité chez Arthaud en 2005 puis 2010.

Sa légende a été construite au prix d'arrangements avec la vérité, comme l'a montré sa fille, Félicité Herzog, dans un premier roman très remarqué lors de la dernière rentrée littéraire. Publié chez Grasset, Un héros figure, cette semaine encore, dans le palmarès des meilleures ventes de romans Ipsos/Livres Hebdo, à la 41e place.

L'image du héros était déjà écornée. La mémoire collective tend à faire d'Herzog le grand vainqueur de l'Annapurna, reléguant au second rang Lachenal, ainsi que les grands alpinistes qui les accompagnaient, Lionel Terray et Gaston Rébuffat. La version des faits trop à la gloire du seul Herzog a commencé à être révisée en 1996, date de publication du texte intégral des mémoires de Lachenal, Carnets du vertige.

Ceux-ci étaient parus en 1956, peu après la mort du guide, mais Maurice Herzog et ses amis avaient réussi à supprimer des passages sur l'Annapurna ou à «réécrire» le texte dans un sens moins favorable à Lachenal.

Louis Lachenal expliquait avoir «agi en guide» et poursuivi l'ascension au-delà de ses limites parce qu'il était persuadé que Maurice Herzog, décidé à atteindre le sommet, ne reviendrait pas vivant s'il partait seul. Lachenal, mais aussi Rébuffat, étaient avant tout des professionnels, passionnés par leur métier, et qui supportaient mal l'aspect cocardier de l'expédition. Ceux-ci pensaient «montagne» quand Herzog pensait «France».

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