5 février > Roman France

Solaro, le héros, est un type lumineux, pas compliqué, incurablement optimiste et qui s’étonne lui-même d’éprouver "autant de plaisir", parfois, en accomplissant des gestes simples. Et "vu les circonstances". En l’occurrence, sa mère est à l’hôpital atteinte d’un cancer, entourée de l’affection de ses trois hommes : son mari et ses deux fils, qui se relaient à son chevet. Jeune autoentrepreneur dans l’événementiel, rien ne l’effraie, ni le harcèlement de son banquier, ni le désir de Louise, sa maîtresse, d’avoir peut-être un enfant de lui, ni l’état du monde alentour. Solaro est joyeux de vivre et, adepte de la course et de la marche, "d’avoir un corps". Justement, c’est par son corps que ses ennuis commencent et que tout va basculer. S’étant rendu sur un parking de la banlieue Nord pour un repérage professionnel, il est pris à partie par une bande de racailles. Lesquels, quelques jours plus tard, alors que sa mère est morte et qu’il s’occupe de son père déprimé, le retrouvent et le tabassent. Leur chef surtout, Rédoine. Par hasard, devant retourner dans la même banlieue, il emmène avec lui son ami Ange, un bandit corse au grand cœur. Et comme par hasard, Rédoine est là. Ange s’en mêle et Solaro craque, abat le voyou d’un coup de pistolet.

Après un procès où toute sa vie fait l’objet d’un déballage, il est condamné à treize ans de prison. Et alors qu’il se résigne, Ange, son complice, se suicide. C’est comme si sa gaieté intérieure ne pouvait être altérée par rien. Si ce n’est que Solaro n’en a pas encore fini avec le destin…

Philosophe, écrivain protéiforme, Charles Pépin propose ici, sous forme d’un roman nerveux, aux scènes courtes, construit en trois actes comme une tragédie, une fable philosophique et morale sur la soumission, qui peut mener à la catastrophe, la passivité de l’individu par rapport à l’ordre des choses, la possibilité du bonheur, que la société s’acharne à nous refuser. "L’enfer c’est les autres", comme chacun sait. En moins de 200 pages, Pépin le bref en dit long à travers un personnage attachant qui voulait seulement que sa joie demeure.

J. -C. P.

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