La maison Vagabonde propose l’édition bilingue d’un curieux texte mis en images par Lise-Marie Moyen. De son auteur, le grand Nick Tosches, on a dévoré les ouvrages électriques, incarnés et documentés sur Dean Martin (Dino, Rivages, 2001, repris en "Rivages-Noir"), Jerry Lee Lewis (Hellfire, Allia, 2001) ou Sonny Liston (Night train, Rivages, 2002, repris en "Rivages-Noir"). Sans parler d’une poignée de romans érudits et singuliers tels La main de Dante (Albin Michel, 2003, repris au Livre de poche) et Le roi des juifs (Albin Michel, 2006, repris au Livre de poche).
C’est dire la surprise que provoque La première cigarette de Johnny. Un court volume pour la jeunesse où l’Américain prend ses lecteurs à contre-pied. Et met en scène un gamin qui habite une maison en brique, "de la couleur des roses", avec ses parents et son grand-père. Un jour d’automne, alors qu’il rentre de l’école avec maman, Jimmy repère un garçon du double de son âge en train de fumer une cigarette. Et comprend tout d’un coup le sens du mot "cool" employé par ses camarades de classe.
Fumer, maman lui dit qu’il pourra le faire quand il aura lui aussi atteint l’âge de 12 ans. Ce qui ne tombe pas dans l’oreille d’un sourd. En attendant, Johnny a largement le temps de grandir. Celui de jouer aux dés avec son papy. De se demander s’il veut devenir éboueur ou archéologue. De ne plus avoir peur de Dieu. D’accepter que les questions restent sans réponses. De comprendre que "les choses belles et prodigieuses viennent à nous si nous sommes capables de voir en elles la beauté et le prodige". Alexandre Fillon