18 janvier > BD France > Hervé Tanquerelle

Avec Groenland Vertigo, Hervé (Tanquerelle) fait son Hergé. Sans doute l’expédition dans la grande île nordique à laquelle il a participé en août 2011, au côté de l’écrivain danois Jørn Riel, dont il a adapté plusieurs des "racontars" en bande dessinée chez Sarbacane, lui a- t-elle rappelé des lectures de jeunesse, Le trésor de Rackham le Rouge ou, plus encore, L’étoile mystérieuse, d’où émergent les figures de savants et d’illuminés. Rebaptisant l’écrivain Jørn Freuchen, se projetant dans un anti-héros prénommé Georges, il "fictionne" son expérience, produisant une sorte de "Tintin au Groenland", en moins épique, mais avec tout autant de gags et de rebondissements.

Partie d’Húsavík, au nord de l’Islande, la goélette Aurora (comme dans L’étoile mystérieuse) emmène avec l’écrivain et le dessinateur quatre marins et un cuisinier, deux scientifiques, une équipe de tournage et surtout un artiste allemand peu commode et son assistant. C’est ce peintre-sculpteur qui finance l’expédition au cours de laquelle il entend procéder à une installation sur un iceberg, un derrick qui doit lui permettre de dénoncer l’exploitation pétrolière de l’Arctique. Mais les contretemps et sa propre paranoïa vont compliquer l’affaire.

Donnant libre cours à un esprit résolument "Pieds nickelés", le dessinateur se promène aux lisières des aventures de Tintin, dont il donne, jusqu’à la calligraphie et au découpage, une interprétation décalée. Georges n’est pas Tintin, Jørn Freuchen n’est pas le capitaine Haddock, mais l’ombre des héros d’Hergé et celle de plusieurs autres de ses personnages hantent cet album plein d’humour où ne manquent ni le whisky, ni l’or noir, ni les chutes malencontreuses. Fabrice Piault

16.12 2016

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