5 septembre > Philosophie France

Un conseil. Commencez la lecture par le dernier chapitre. Dans cette conférence, Frédéric Lordon montre tout à la fois la profondeur de sa pensée et son sens de l’humour. Dans ce texte savant et malicieux, il résume sa volonté de voir émerger un « structuralisme des passions » pour en finir avec les clichés néolibéraux.

Pour évoquer la crise financière, cet économiste avait publié en 2011 D’un retournement l’autre (Seuil, Points. Essais), une pièce de théâtre en quatre actes et en alexandrins ! Et cela connut un beau succès. Cette fois, toujours pour évoquer cette société qui ne tourne pas très rond, il nous propose une réflexion philosophique.

Il faut dire que Frédéric Lordon est spinoziste. Autrement dit, on ne lui la fait pas ! Directeur de recherche au CNRS, collaborateur au Monde diplomatique, l’homme sait de quoi il parle, mais il a aussi des convictions. Il convoque ainsi Foucault ou Bourdieu à la barre des témoins pour rappeler combien l’économie nous égare en pensant qu’elle laisse à chacun le choix de croire ou de penser, alors qu’elle nous enferme dans des codes bien précis d’où la liberté d’agir est minimale.

Son livre est un vrai livre de philosophie - et non pas d’économiste - en ce sens qu’il nous invite à réfléchir sur ce qui nous entoure. On apprécie l’acuité du trait, l’originalité de la démarche et cette manière de résumer la dialectique hégéliano-spinoziste de la pensée critique par une brève de comptoir : « Moi, j’écoute pas les hommes politiques, je me fais mon opinion tout seul, et ça m’empêche pas d’avoir la même opinion que tout le monde, au contraire. »

L. L.

Les dernières
actualités