Fraîchement couronné par le prix SNCF polar 2013 pour son deuxième roman en cours d’adaptation cinématographique, Balancé dans les cordes (La Tengo éditions 2012, repris chez J’ai lu), voici que le talentueux Jérémie Guez en dégaine déjà un troisième. Fils d’un père kabyle devenu français et médecin, le héros de Du vide plein les yeux a pris six mois ferme pour coups et blessures, pour avoir voulu jouer les durs.
Idir s’est retrouvé dans une cellule de neuf mètres carrés alors que la probabilité qu’un type comme lui finisse un jour en prison était proche de zéro. Ce qui lui a permis de fêter ses vingt-quatre ans en fumant un joint alors qu’aux informations des avions s’encastraient dans des tours.
Après avoir purgé sa peine, Idir a recommencé à exercer un boulot simple payé deux cents euros par jour sans les frais. Pour des filatures, des intimidations, pour remuer « la merde pour les autres ». « Je ne suis pas un voyou et je n’en serai jamais un », tient-il néanmoins à préciser. Une vieille connaissance, Oscar Crumley, patron de presse en vue, l’engage afin de retrouver son demi-frère de 22 ans, disparu depuis deux mois. Parallèlement, une autre vieille connaissance, l’homme d’affaires Eric Vernay, a également besoin de ses services. Pour récupérer une luxueuse voiture volée porte de Pantin.
Collant aux basques d’un Idir qui cherche à y voir plus clair sur les deux affaires, le lecteur sillonne Paris, des beaux quartiers avec leur lot de jeunesse dorée aux bars de Belleville. Pas le temps de souffler ou presque tant les événements s’enchaînent et les rebondissements se multiplient…
Jérémie Guez est ici à son meilleur. A 25 ans, le précoce auteur de Paris la nuit (La Tengo, 2011, repris chez J’ai lu) a prouvé de longue date sa capacité à tenir les rênes d’une intrigue à suspense, à creuser ses personnages et à soigner son décor urbain. Tendu, électrique et mené tambour battant, Du vide plein les yeux se dévore d’une traite et laisse sonné. Garçon, remettez-nous ça ! Al. F.
