Ils sont presque tous là, assis à même le sol devant la «Grande scène» du Salon du livre de Paris. Un millier de lycéens, apprentis et stagiaires de la formation professionnelle d'Ile-de-France sont venus avec leurs enseignants, vendredi 16 mars, pour remettre aux huit lauréats le prix littéraire nouvellement créé par la Région : Patrick Bouvet pour Open space (Joca Seria), Sorj Chalandon pour Retour à Killybegs (Grasset), Claudine Galéa pour Le corps plein d'un rêve (Rouergue), Gilles Rochier pour TMLP, ta mère la pute (Six pieds sous terre), Christian Garcin pour Des femmes disparaissent (Verdier), Yves Ravey pour Enlèvement avec rançon (Minuit), Jean-Michel Espitallier pour Cent quarante-huit propositions sur la vie & la mort, et autres petits traités (Al Dante) et Pierre-Oscar Levy pour Château de sable (avec Frederik Peeters, Atrabile).
Sous les applaudissements de leurs camarades, des lycéens représentant chaque département questionnent les auteurs sur la forme de leurs livres autant que sur le fonds, curieux de leurs sources d'inspiration.
Depuis la rentrée scolaire de septembre 2011, 40 classes des huit départements d'Ile-de-France, soit quelque 1 200 élèves, ont débattu de leurs lectures. 40 titres parus entre septembre 2010 et septembre 2011 avaient été sélectionnés par un comité de lecture composé de libraires, bibliothécaires et enseignants, piloté par la Maison des écrivains et de la littérature. Chaque classe a travaillé sur 5 livres et des forums départementaux ont permis aux élèves de rencontrer les auteurs. Les lauréats ont été distingués suite au vote individuel des élèves.
L'objectif est aussi de pérenniser l'initiative: des affichettes seront disposées dans les librairies, bibliothèques et CDI des lycées. La Région dotera les 469 CDI franciliens des 8 livres retenus.
«Les lycéens ont primé dans le même mouvement des formes poétiques, des livres qui interrogent le rapport entre le réel et la fiction, des bandes dessinées, souligne Henriette Zoughebi, vice-présidente chargée des Lycées. Quand on propose aux jeunes des livres qui ont une certaine exigence, comme ils n'ont pas une longue histoire avec la littérature, ils les prennent dans leur sens immédiat. Ils n'ont pas les mêmes préjugés qu'ont parfois les personnes plus érudites.»