Voilà 10 ans que le groupe Bibliothèques d’archives a été créé au sein de l’Association des archivistes français (AAF). Sabine Souillard (responsable de la bibliothèque des Archives départementales de la Seine-Saint-Denis), cofondatrice avec Anne Prunet (responsable de la bibliothèque des Archives municipales de Marseille) de ce réseau de 140 membres individuels à la triple casquette de biblitohécaires-documentalistes-archivistes, revient sur ses objectifs et réalisations.
Pourquoi ce groupe ?
Quand le groupe de travail s’est constitué il y a dix ans, c’était pour échanger entre bibliothécaires d’archives, se faire connaître et reconnaître, et avoir notre sigle « BA », à l’instar des BU (bibliothèques universitaires). Nous sommes au service du public, c’est important de promouvoir nos collections pour qu’elles ne soient pas méconnues et sous-exploitées.
Qu’avez-vous réalisé en dix ans ?
Nous avons rédigé une politique documentaire commune - mettre en avant l’histoire locale - ainsi que des fiches pratiques, créé un annuaire pour qu’on se connaisse entre nous - nos documents et nos outils, nos services et nos moyens - et mis en place des journées d’étude qui dépassent nos espérances en nombre d’inscrits. Elles sont ouvertes à d’autres métiers, aux archivistes par exemple, pour qu’ils prennent conscience qu’une bibliothèque est un moyen de valoriser les fonds d’archives de l’établissement. Nous avons aussi monté un blog, Des livres aux archives.
On voit s’ouvrir des médiathèques-archives municipales, comme le MA.AT à Arcachon ou la Ruche à Briançon (Hautes-Alpes). Les médiathèques et bibliothèques d’archives ont-elles entamé un rapprochement ?
On voit en effet de plus en plus de bâtiments transversaux. BA et bibliothèques publiques enrichissent ainsi leurs pratiques et alimentent les réflexions sur leurs missions respectives. Pour les archives, c’est un moyen d’attirer les nouveaux lecteurs drainés par la médiathèque, en plus des généalogistes, étudiants, universitaires ou chercheurs qui ont des demandes très précises. Pour la médiathèque, c’est l’occasion d’étoffer son fonds d’histoire locale. Nous venons par ailleurs de prendre contact avec l’Association des bibliothécaires de France (ABF). Il y a une volonté de part et d’autre de collaborer.
Vous inspirez-vous des services rendus par les médiathèques ?
Oui, des bibliothèques d’archives envisagent ou se mettent à proposer du prêt à domicile pour les documents les moins rares et les moins anciens. Ce nouveau souffle permet d’attirer de nouveaux publics, ceux qui n’ont pas le temps d’exploiter les ouvrages uniquement sur place. Nous avons en parallèle tout un travail de constitution de catalogues en ligne à réaliser, consultables sur internet, même si les portails internet archives offrent déjà actuellement bon nombre de ressources : bibliographies multiples, nouveautés acquises, presse locale numérisée ou ouvrages anciens numérisés en ligne.
Enfin, les archives communales et départementales acquièrent de plus en plus de romans ! Car la fiction véhicule les représentations sociales de son écrivain et d’une époque. De la même façon, on achète de plus en plus d’albums jeunesse à destination des classes reçues par le service éducatif aux archives.
Qu’est-il prévu pour cet anniversaire ?
Tous les mois, des bibliothécaires d’archives vont présenter sur notre blog, le site de l’AAF et Facebook des perles patrimoniales. Le temps fort sera la prochaine rencontre professionnelle, les 23 et 24 novembre 2023 à l’IMEC - Institut mémoires de l'édition contemporaine, près de Caen, sur le thème de la médiation culturelle au sein des services.
