Pour la deuxième fois en sept mois, l'écrivain rwandais Gilbert Gatore s'est vu refuser sa naturalisation française. Selon Télérama, la Direction de l'accueil, de l'intégration et de la citoyenneté du ministère de l'Intérieur lui reproche « un comportement fiscal jusqu'à récemment sujet à critiques ». L'article du site internet du magazine culturel explique que Gatore avait « un arriéré d'impôts de 3 845 euros dû à une situation financière délicate et passagère en 2010, réglé depuis rubis sur l'ongle, pénalités comprises.»

L'écrivain est arrivé en France avec ses parents en 1997, pour fuir le génocide qui sévissait au Rwanda. S'il parle mal le français à 16 ans, il obtient un bac littéraire un an et demi plus tard avant d'étudier à Sciences Po Lille puis HEC. Après avoir longtemps refusé de demander la nationalité française - « J'avais l'impression d'oblitérer une partie de moi-même » - il se décide en août 2010 : « J'avais passé plus de temps en France qu'au Rwanda, le moment était venu. J'avais envie d'être Français. Je n'imaginais mon avenir nulle part ailleurs qu'ici. »

Vivant depuis dix ans sous le statut de réfugié politique, il réside en France sans papiers depuis décembre 2011, dans l'attente du renouvellement de son statut. Aujourd'hui sa situation est critique : perte d'emploi possible (il est commercial), expulsable à tous moments... L'épreuve lui laisse également un goût amer (formulaires, entretiens, test de "francité"). Après ces deux refus, il reconnaît qu'il a eu « le sentiment de (s)e faire cracher à la figure.»

Gilbert Gatore a publié Le passé devant soi en 2008 (éd. Phébus), qui avait obtenu le Prix Ouest-France à Etonnants Voyageurs la même année. Le livre, qui fut dans la dernière liste du Goncourt du premier roman, a été édité en format poche chez 10-18 en 2009.