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Le Texte libre : l'association fait la librairie

L'équipe du Texte libre. De gauche à droite : les deux libraires salariées, Nathalie Landreau et Coralie Meïsse, la présidente de l'association, Geneviève Bernard, et une bénévole très investie, Martine Plainfossé. - Photo Clarisse Normand/LH

Le Texte libre : l'association fait la librairie

En route pour les 5es Rencontres nationales de la librairie, les 30 juin et 1er juillet à Marseille, Livres Hebdo rend visite à cinq librairies depuis La Rochelle où s'étaient tenues les précédentes rencontres. Première étape à Cognac, où Le Texte libre a opté dès 1979 pour une forme associative. _ par

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Par Clarisse Normand
Créé le 27.05.2019 à 12h22

C'est sans doute grâce à son organisation associative que Le Texte libre existe encore aujourd'hui alors que la plupart de nos confrères cognaçais ont mis la clé sous la porte », estime Geneviève Bernard. La présidente depuis trois ans de l'association qui porte le nom de la librairie, arrivée à Cognac en 1976, est très vite devenue cliente du Texte libre qui, en choisissant il y a quarante ans le statut d'association loi 1901, faisait figure de pionnière. « Cette forme d'organisation était dès l'ouverture en 1974 une volonté des fondateurs, Sophie et Michel Adam, explique-t-elle. Il y avait du militantisme dans leur démarche, et l'envie d'apporter, par le livre, de la culture sur un territoire. »

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Si aujourd'hui l'économie sociale et solidaire a de nouveau le vent en poupe, ce n'était pas le cas dans les années 80-90. Et même, reconnaît Geneviève Bernard, « à cette époque nous évitions de communiquer sur notre dimension associative car cela était perçu comme de l'amateurisme. Aujourd'hui c'est l'inverse, nous bénéficions d'un capital sympathie lié à notre organisation. » Au-delà de l'image, la formule associative s'est révélée un atout pour la sauvegarde de la librairie qui compte actuellement une quarantaine d'adhérents et deux libraires salariées : Nathalie Landreau et Coralie Meïsse. Aux moments difficiles, Le Texte libre a essentiellement fonctionné grâce à la bonne volonté de bénévoles.

Deux comptables bénévoles

Aujourd'hui encore, la moitié des membres de l'association apportent leur énergie, voire leurs compétences à la librairie. Deux adhérents, comptables de profession, assurent bénévolement le travail de comptabilité. Trois autres prennent chacune en charge, une fois par semaine, la réception et le pointage des livraisons. D'autres encore tiennent des stands de livres hors les murs quand la librairie est sollicitée. Membre du conseil d'administration, Martine Plainfossé tient parfois la librairie et, en même temps, les chiffons, jouant la femme de ménage en cas de besoin.

« On estime à environ deux plein-temps le travail réalisé par les bénévoles », indique Geneviève Bernard. « Pour moi, c'est une manière idéale d'exercer le métier, assure Coralie Meïsse, formée aux métiers du livre. Nous gérons de façon autonome la partie professionnelle, à savoir stock, achat, vente, vitrine, ou encore organisation du travail avec les bénévoles, mais nous n'avons pas les contraintes financières ni un emploi du temps de gérant. » Nathalie Landreau salue également « la prise de recul induite que permet ce fonctionnement. Nombre de décisions sont prises en commun. Cela enrichit les réflexions même si cela apporte aussi de la lenteur. »

Un autre point délicat inhérent à la formule associative concerne la circulation des informations entre toutes les personnes opérationnelles. « Nous échangeons beaucoup par mails, mais il y a parfois des loupés », admet Nathalie Landreau. Aussi la librairie a-t-elle opté pour des méthodes rigoureuses. Le conseil d'administration, composé de quinze personnes, se réunit tous les deux mois, tandis que le bureau de quatre personnes, dont les deux libraires, se retrouve tous les quinze jours. Enfin, tous les mois et demi, quatre commissions thématiques sont programmées respectivement sur la gestion, la vie de l'association, les lectures jeunesse et les lectures adulte, ces deux dernières étant ouvertes aux membres non-administrateurs désireux d'échanger sur les livres et de préparer les animations et rencontres.

A côté du bénévolat, la librairie associative a aussi profité de la générosité des membres qui lui a permis de passer des caps difficiles. Reconnaissant qu'il y a eu « plus de pertes que de bénéfices », Geneviève Bernard estime aujourd'hui que « la librairie est sortie d'une fragilité financière permanente ». Ayant fini de rembourser son emprunt, Le Texte libre a même pu procéder à d'importants travaux de réaménagement en 2018, avec le soutien de la Région, du Centre national du livre, de l'Adelc ainsi que de ses clients et adhérents. Avec l'aménagement du premier étage, qui accueille un espace de travail et une salle d'exposi tions, utilisée aussi pour les rencontres, la surface de vente a pu être agrandie et la circulation améliorée.

Ce coup de jeune vise aussi à poursuivre le mouvement engagé pour casser l'image « intello » de la librairie et conquérir de nouveaux publics, dont la jeunesse qui a été dans les années 80 un des points forts du Texte libre, qui se déplaçait dans les écoles. Avec l'agrandissement, le rayon BD a été fortement développé, de même que les rayons jeunesse et pratique. Selon Geneviève Bernard, « l'objectif est d'augmenter l'activité pour avoir davantage d'autonomie et passer les deux salariées de 90 % à 100 %. » Mais, le premier enjeu de Texte libre est de continuer à recruter des membres prêts à s'investir dans l'activité.

Engagement citoyen

« La première motivation des adhérents est l'accès à la lecture et aux échanges, observe la présidente. La personne qui adhère moyennant la modique somme de 5 euros peut emprunter des livres à condition d'y faire attention et de faire des comptes rendus de lecture qui seront utiles aux deux libraires. Elle peut aussi participer à nos commissions de lecture. »

L'autre motivation, plus politique, relève d'un engagement citoyen et de la volonté de conserver une librairie généraliste indépendante dans une villede 20 000 habitants. Aujourd'hui à Cognac, à côté du Texte libre, il ne reste plus que les enseignes Maison de la presse et Espace culturel Leclerc.

27.05 2019

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