Philippe est un quadragénaire en rupture de ban. Il vient de quitter une femme qui régentait et vampirisait sa vie depuis vingt ans, leurs deux fils jeunes adultes et son boulot d’enseignant pour retourner dans sa ville d’adolescence. Dans le bar de ses années de lycée, il rencontre Myor, un clochard ascétique qui vit dans la forêt sous une tente. Les deux hommes se rapprochent, unis par la fuite et la quête.
Le premier rêve de retrouver Valentine, la fille rencontrée au foyer où il a été placé à l’âge de 15 ans après la mort de ses parents. Le second est hanté par les souvenirs de sa terre natale, "le territoire du lac", un pays inconnu qu’il a fui. Voilà ce duo improvisé s’embarquant dans une "expédition pour un lac salé mal localisé". Au volant d’une voiture de location, Philippe escorte Myor dans ce voyage via Genève et Ancône jusqu’en Grèce, où pourrait se situer le mystérieux territoire. Le vieil homme, qui ne veut parler à personne d’autre qu’à son compagnon chauffeur, livre par bribes le récit de sa vie, dans une société où l’activité des hommes consistait à cartographier la lumière, où les femmes vivaient entre elles et où l’une d’elles, la plantureuse Phéa, avait en charge la mort, accueillant dans les plis de son ventre ceux pour qui était venu leur "jour de certitude".
Pédopsychiatre de profession, l’auteure de Quitter Venise (2014) et de L’enfant sans visage (2015) poursuit avec ce cinquième roman sa propre quête de fiction, explorant à chaque livre de nouvelles géographies.
Véronique Rossignol