400 personnes se sont réunies, mercredi 16 mars, dans l'espace 2000 du parc des expositions de la Porte de Versailles à Paris, pour des Assises du Livre numérique spécialement consacrées à la lecture sur mobile. "Le secteur de l'édition est appelé à réfléchir aux implications de la diversification et de la massification des usages du mobile, à la fois sur les pratiques de lecture et sur la découverte des livres", a expliqué en introduction Virginie Clayssen présidente de la commission numérique au Syndicat national de l'édition (SNE), qui organise la manifestation.
L'utilisateur au centre
Il a été dans un premier temps question de la position de l'utilisateur de la lecture mobile, à travers la présentation de deux projets constituant des succès en la matière. L'application "La Matinale" du quotidien Le Monde, d'abord, qui compte 425000 téléchargements depuis son lancement en mai 2015. Son principe, reposant sur un modèle qui mêle lecture gratuite et payante, consiste en une sélection quotidienne du meilleur de l'actualité, par des articles que l'utilisateur peut choisir de garder ou de rejeter pour se constituer chaque matin un journal personnalisé. "Les plus-values principales de l'application: le gain de temps, le format ludique et la praticité du format" selon Emmanuelle Chevallereau, sa responsable éditoriale, qui ajoute que les lecteurs attirés étaient globalement plus jeunes que la majorité des abonnés au Monde papier et au Monde.fr. Elle ajoute: "nous pouvons d'ores et déjà tirer plusieurs enseignements: "la matinale" n'est ni un concurrent de notre édition papier, ni un produit de substitution de notre première application d'info. Un autre fait très intéressant que nous remarquons dans nos statistiques: il n'y a aucun problème avec les articles longs sur mobiles, ils sont lus jusqu'au bout lorsque le lecteur est intéressé, quelle que soit la longueur".
Alexandre Brachet, fondateur et président d'Upian.com, une société de développement web créée en 1998 (qui a créé le design du site LivresHebdo.fr, ndlr), est ensuite venu présenter son application "Affaires sensibles", une collection de faits divers à lire sur son téléphone, développée pour France Inter. Il indique: "deux démarches ont guidé notre travail: de quelle manière raconte-t-on sur un téléphone, et qu'est ce qu'on y raconte, quel type d'histoires?". Le résultat: de courtes nouvelles, rédigées par des auteurs tels que la journaliste judiciaire Brigitte Vital-Durand, et accompagnées d'illustrations animées qui défilent. Un seul geste du doigt suffit pour passer d'une phrase à l'autre, "retransmettant le plaisir physique du livre", explique Alexandre Brachet. "Sur smartphone, tout est une question de rythme".
"Faire bouger l'écosystème"
Dans la seconde partie des Assises du livre numérique, Monique Dagnaud, directrice de recherche au CNRS, est revenue sur les pratiques numériques des jeunes, expliquant que l'accès à la lecture et à l'information était désormais une pratique nomade pour 84% des 18-24 ans contre 52% des plus de 40 ans. "Les jeunes tirent les usages de lecture vers le mobile et poussent naturellement à l'innovation", résume-t-elle.
Anna Jean Hughes, fondatrice américaine de l'application de lecture mobile et augmentée Pigeonhole a conclu les débats par sa vision résolument moderne et "mobile friendly" de l'édition. "Clairement, nos livres doivent maintenant être tous sur nos téléphones, pour les faire rentrer en concurrence avec Instagram et Candycrush", rappelant que la société deviendrait de plus en plus digitale native.