Pour leur quatrième collaboration après, chez Sarbacane, Mine, une vie de chat (2012), L’astragale (2013) et Le roi des scarabées (2014), Anne-Caroline Pandolfo (scénario) et Terkel Risbjerg (dessin) changent une nouvelle fois radicalement de registre. Ils réécrivent, d’après Chrétien de Troyes, la geste de Perceval, l’un des plus jeunes chevaliers de la Table ronde.
A 15 ans, l’adolescent n’est jamais sorti de la forêt profuse où il vit avec sa mère, qui le tient à l’écart des fracas du monde qui lui ont déjà pris son époux et ses autres chevaliers de fils. Mais, titillé par une pie qui fait figure de mauvais génie, il finit par quitter son éden, aimanté par les rutilantes armures de trois chevaliers rencontrés à ses confins. Il part demander au roi Arthur de le faire chevalier.
Naïf, il ne sait pourtant rien du vaste monde, ni des hommes, ni des femmes. Il ne connaît même pas son propre nom, qu’il va devoir conquérir en même temps que sa légitimité auprès du roi. Négligeant les conseils de sa mère, le voilà manquant de respect aux femmes, se perdant souvent, si occupé de lui-même qu’il ne perçoit pas tels qu’ils sont ses interlocuteurs et leurs demandes.
Oscillant entre rêves et réalité, le jeune homme se construit à grands coups d’épée et de lance, avant de réaliser ses erreurs sur le tard. Soignant les expressions des personnages et les à-plats de couleur qui installent une atmosphère fantastique, Anne-Caroline Pandolfo et Terkel Risbjerg signent un beau récit d’initiation. Fabrice Piault