Le jury du prix Médicis 2021 a récompensé, vendredi 6 novembre,
Christine Angot pour
Le voyage dans l'Est paru chez Flammarion. Le prix Médicis du Roman étranger a été attribué à
Jonas Hassen Khemiri pour
La clause paternelle, traduit par Marianne Ségol-Samoy et paru en juin chez Actes Sud, tandis que le prix Médicis de l'Essai a distingué
Jakuta Alikavazovic pour
Comme un ciel en nous, paru chez Stock.
Retour vers un trauma
Christine Angot a été élue au deuxième tour pour six voix contre trois à Christophe Donner (
La France goy, Grasset) et un voix à Céline Minard pour
Plasmas (Rivages). Son roman,
Le voyage dans l'Est, est "
le livre plus abouti sur la thématique de l'inceste", a salué l'écrivaine et jurée Marie Darrieussecq.
"C'est un devoir d'écrire sur (l'inceste NDLR), a réagi la lauréate, présente sur le lieu des délibérations, le restaurant La Méditerrannée (Paris 6).
Trois ans après
Un tournant de la vie (Flammarion), elle reprend la voie (et sa voix) de son trauma originel.
Le Voyage dans l’Est, paru chez Flammarion le 18 août, la ramène dans son passé : l’adolescence à Reims, ponctuée de virées à Grenoble, Le Touquet, Strasbourg, Nice ou Paris. Dans cette jeunesse qu'elle ressasse, elle retrouve son père, longtemps absent de son existence, et qu’elle a si bien décrit dans
Un amour impossible (Flammarion, 2015). Ce même père qui est à la racine de tous ses maux, et de tous ses mots, depuis le choc littéraire que fut
L’inceste (Stock, 1999).
Le voyage dans l’Est, déjà vendu à près de 17000 exemplaires, et toujours présent dans le Top 50 fiction, a séduit les médias : invitée de "La Matinale" de France Inter, sélectionnée dans la liste des romans préférés de la rentrée dans
Les Inrockuptibles,
Télérama, ou la liste de France Culture/
L’Obs.
Christine Angot a déjà été auréolée du prix de Flore (
Rendez-vous, Flammarion, 2006) et du prix Décembre (
Un amour impossible).
Actes Sud à nouveau distinguée
Côté étranger, c'est le Suédois
Jonas Hassen Khemiri qui a été distingué pour
La clause paternelle, traduit par Marianne Ségol-Samoy et paru en juin chez Actes Sud. Il a été élu au sixième tour par six voix contre trois à Robert Jones Junior pour
Les prophètes, traduit par David Fauquemberg (Grasset).
Ici, un grand-père rentre en Suède deux fois par an pour revoir sa famille. Dans la réalité, il est contraint de venir pour ne pas perdre son titre de séjour. Il en profite aussi pour demander à son fils de s'occuper de ses démarches administratives. Mais ce dernier se rebelle et remet en cause la clause paternelle stipulant qu'un fils doit s'occuper de son père.
"C'est un livre très rare car inhabituel", a fait savoir la jurée Pascale Roze.
Actes Sud remporte ainsi un deuxième grand prix étranger après
le sacre d'Ahmet Altan par le Femina hier.
Jakuta Alikavazovic au Louvre
Enfin, le Médicis essai a récompensé
Jakuta Alikavazovic pour
Comme un ciel en nous, paru dans la collection "Ma nuit au musée" chez Stock. Elle a été élue au septième tour par cinq voix (dont la voix double du président Dominique Fernandez) contre quatre à Perrine Lamy-Quique pour
Dans leur nuit (Seuil) et une voix à
Ceux qui tombent de Jérémie Foa (La Decouverte).
Jakuta Alikavazovic raconte ici sa nuit du 7 au 8 mars 2020 au musée du Louvre, section des Antiques, salle des Cariatides. Cette expérience lui évoque son père, émigré d'un village du Monténégro, avec qui elle avait visité ce lieu.
Le jury du Médicis réunit Marianne Alphant, Michel Braudeau, Marie Darrieussecq, Dominique Fernandez, Anne Garreta, Patrick Grainville, Andreï Makine Frédéric Mitterrand, Pascale Roze et Alain Veinstein.
En
2020, Chloé Delaume (
Le cœur synthétique, Seuil), Antonio Muñoz Molina (
Un promeneur solitaire dans la foule, traduit par Isabelle Gugnon, Seuil) et Karl Ove Knausgaard (
Fin de combat, traduit par Christine Berlioz et Laila Flink Thullesen, Jean-Baptiste Coursaud et Marie-Pierre Fiquet, Denoël) ont respectivement remporté le prix Médicis du Roman français, du Roman étranger et de l'Essai.