Comme son auteur, le héros de Loin du monde est né en 1976. Non à Cholet, mais à Maulévrier. Un "petit bled paumé" de l'ouest de la France avec "quatre saisons, une zone industrielle et deux terrains de foot". Deux écoles aussi, une catholique et une laïque. Le petit David Serre a 10 ans, il est en classe de CM2. Papa porte une moustache, fume des "Gauldo" et se déplace sur son vélo vert. Il est mécano chez Plastil, usine où il répare des machines à fabriquer des lames de plastique. Maman, elle, se déplace en R12 bleue et fait ses 8 heures chez un monsieur qui est à la fois imprimeur, éditeur et écrivain.
Dans la famille, il y a aussi grand-père, qui a terminé chef d'équipe chez Michelin, et une arrière-grand-mère, qui "crachait le venin, maudissait son foutu bon à rien de prochain", que David doit visiter le jeudi. Les Serre habitent une maison HLM dans un lotissement dans le bas du village. Leurs vacances, ils les passent à Notre-Dame-de-Mont. Où l'on boit de la Ricoré dans des petits verres et où l'on fait la sieste sous les peupliers avant d'aller se baigner.
Le quotidien du garçon n'est pas toujours simple. Certes, il lit les albums de Tintin et regarde L'agence tous risques à la télévision. Mais il lui faut composer avec Carrera, le "balaise" qui veut devenir boxeur comme Rocky et l'oblige à fumer sa première cigarette. Avec sa cousine Elodie qui lui demande de baisser sa braguette. Avec Yann à qui il colle "une tarte" à la récré de 10 heures. Sans compter que le malheureux David se trouve affublé de "deux jazz apples en lieu et place des couilles". Heureusement que maman accepte qu'il se fasse percer l'oreille gauche dans la galerie marchande du Rallye...
Sébastien Ayreault vit à Atlanta depuis cinq ans. Il a également écrit un feuilleton et des chansons. Publié au Diable vauvert, son coup d'essai oscille sans cesse entre l'humour et le drame, petit ou grand. Portrait senti d'une époque et d'un milieu, Loin du monde frappe par son ton et par son regard.