11 janvier > Roman France > Emmanuel Villin

Le premier roman d’Emmanuel Villin, Sporting club (Asphalte, 2016, réédité en Folio), révélait qu’il est un romancier des interstices, des indécisions du réel, quelque part entre Patrick Modiano et Frédéric Berthet. Microfilm, qui paraît aujourd’hui, vient le confirmer avec éclat, tout en explorant de nouvelles pistes romanesques sur lesquelles on croisera, outre la solitude et un certain dépaysement, moins géographique que métaphysique, une ironie salvatrice et le goût de la satire.

Ce serait donc l’histoire, à Paris de nos jours, d’un homme sans qualités. Un de ces héros "boviens" qui parfois hantent les villes. Il n’a pas de nom, ce serait déjà trop, et pas vraiment de travail non plus. On le devine encore dans la force, relative, de l’âge, comédien abonné à des figurations qui se font rares, homme incomplet qui, en bon cinéphile, ne se réalise vraiment qu’à travers le cinéma. Il manque d’ambition, mais pas vraiment de style, aimant à se croire proche de celui de "Delon-Jef Costello" dans Le samouraï de Melville. C’est dans cet état de rêverie un brin catatonique qu’il parvient à se faire embaucher dans une mystérieuse "Fondation pour la paix continentale", sise place Vendôme. Là, l’absurde côtoiera le menaçant jusqu’à faire de sa vie une énigme dont il s’absente peu à peu.

Le roman d’Emmanuel Villin a une belle gueule d’atmosphère. Et ses échos étranges résonnent longtemps encore après lecture. Olivier Mony

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