Drôle de ville que celle où se rend Nina. Immeubles et maisons semblent abandonnés, envahis par toutes sortes de plantes et d’arbres. Partout sur les toits et les rues, la végétation a poussé, y compris dans les lieux les plus incongrus, comme cette chaussure orpheline abandonnée en pleine rue.

Pas un chat dans cette ville étrange, mais en revanche des singes, des flamants roses, des éléphants, des antilopes. Nina vient à la ville pour leur raconter une histoire. Tous, girafe, singe et guépard, l’écoutent avec attention. Chaque animal a ses histoires préférées: les singes ont une prédilection pour les voyages extraordinaires sur la lune ou dans des galaxies lointaines, tandis que les flamants roses penchent plutôt pour les mythes et les légendes. Quant au serpent, il n’aime rien tant que les poèmes qui parlent de la mer.

Mais l’histoire qu’ils préfèrent tous est de loin celle de leur propre ville, aux temps reculés où elle était occupée par d’autres habitants. A partir de ce moment, le lecteur comprend que cette ville était autrefois habitée par les hommes, avant que la nature y reprenne ses droits, d’où les innombrables vestiges humains. C’est au pinceau de l’artiste catalan Joan Negrescolor qu’on doit cet Eden merveilleux. A univers enchanté, graphisme extraordinaire. Dans une explosion de couleurs directes et éclatantes, l’illustration mêle l’ancienne et la nouvelle ville, envahie de plantes dans un jeu subtil de transparences et de superpositions. Fabienne Jacob